Accompagnement et soins de la maladie rénale : zoom sur le réseau RENIF
Pourquoi surveiller ses reins, le rôle clé de cet organe
Les reins sont de petits organes situés de part et d’autre de la colonne vertébrale, au niveau des dernières côtes et qui filtrent et épurent le sang 24h sur 24. Chaque jour, ils filtrent environ 190 litres de sang mais ne rejettent toutefois que 1,5 à 2 litres d’urines.
Ces petites structures ont plusieurs fonctions essentielles :
- Ils éliminent les déchets produits par les réactions biochimiques de l’organisme dans l’urine qui est produite (ex : urée, créatinine, acide urique)
- Ils maintiennent l’équilibre acido basique et régulent le pH sanguin en le maintenant dans la fourchette vitale grâce à l’élimination des déchets acides
- Ils permettent l’élimination des toxiques (ex : résidus de médicaments, substances toxiques)
- Ils régulent la quantité d’eau dans l’organisme et la pression artérielle en éliminant l’eau en excès
- Ils régulent les concentrations de minéraux dans le sang (sodium, potassium, calcium…) en éliminant ou réabsorbant les minéraux
- Ils produisent des hormones telles que l’erythropoiétine EPO, (stimulant la production des globules rouges), la rénine qui participe au contrôle de la tension artérielle, Le calcitriol, forme active de la vitamine D, qui permet l’absorption du calcium par l’intestin et sa fixation dans les os
Maladies rénales et insuffisance rénale
5 à 10% de la population française seraient touchée par une maladie rénale pouvant conduire à une insuffisance rénale.
Les maladies rénales sont le plus souvent silencieuses, et progressives. Sauf cas particulier, quand on a « mal aux reins » on souffre plutôt d’une lombalgie !
La progression de la maladie rénale chez un malade conduit à la diminution des fonctions du rein et donc à une insuffisance rénale chronique, voir terminale.
Plusieurs maladies sont susceptibles d’altérer les fonctions rénales :
L’hypertension, le diabète, les néphropathies consécutives à des intoxications chimiques (liées à des médicaments par ex), les pyélonephrites consécutives aux infections urinaires récidivantes, les calculs rénaux, la polykystose rénale
50% des insuffisances rénales sévères sont consécutives au diabète ou à l’hypertension.
Faire analyser sa fonction rénale
Une prise de sang suffit à évaluer sa fonction rénale.
Le DFG (ou Débit de filtration glomérulaire) calcule la quantité de sang filtré chaque minute par le rein. Il s’exprime en ml/mn (ml de sang épuré par minute). C’est le DFG qui permet de classer le stade de l’insuffisance rénale.
Plus le DFG diminue, plus les déchets et certains minéraux s’accumulent dans le sang au lieu d’être éliminés dans l’urine et plus l’insuffisance rénale s’aggrave. Parallèlement le taux de créatinine augmente à mesure que la fonction rénale diminue.
Un DFG normal est supérieur à 60ml/mn
Un DFG < 60ml/mn marque une souffrance rénale et une insuffisance rénale chronique
Un DFG < 15ml/mn signe une insuffisance rénale au stade terminal nécessitant des soins de suppléance (dialyse/ greffe)
Protéger ses reins : Les facteurs de néphroprotection essentielles pour ralentir la progression de la maladie
La fonction rénale diminue très progressivement, elle est irréversible mais il est possible d’en ralentir le processus par des mesures d’hygiène de vie. C’est ce qu’on appelle des mesures de néphroprotection. Ces mesures qui protègent les reins et les petits vaisseaux sanguins qui nourrissent les reins sont les suivantes :
- Maintenir sa tension artérielle dans les plages idéales : prendre son traitement régulièrement et surveiller sa tension
- En cas de diabète, maintenir ses glycémies et son hémoglobine glyquée dans la fourchette recommandée par son diabétologue
- Maintenir son taux de cholestérol sanguin dans la plage idéale, prendre son traitement si prescrit
- Rester physiquement actif avec des activités physiques adaptées à ses possibilités
- Cesser le tabac pour les fumeurs et se faire accompagner
- Ne prendre aucun médicament ou complément alimentaire ou plantes qui seraient toxiques pour le rein
- Adopter une alimentation équilibrée adaptée en protéines, en sel, en graisses, en glucides en cas de diabète, en potassium et en phosphore selon le bilan sanguin et le stade de la maladie rénale
- Prévenir la dénutrition
Accompagner les patients souffrant de maladie rénale : le réseau RENIF
Les réseaux de santé sont des associations à but non lucratif qui accompagnent les personnes atteintes de maladie chronique. Ces associations sont financées par l’Agence Régionale de Santé.
Le réseau RENIF est l’association régionale de néphrologie Ile de France et les professionnels qui en font partie, accompagnent les patients souffrant de maladie rénale chronique en les aidant à mieux comprendre, soigner et vivre avec leur maladie.
De nombreux professionnels de santé sont formés à la prise en charge de la maladie rénale et contribuent au réseau : médecins, néphrologues, infirmiers, pharmaciens, diététiciens, psychologues, enseignants spécialisés en APA.
Toute personne souffrant de maladie rénale chronique résident en ile de France peut adhérer gratuitement au réseau et bénéficier de l’offre du réseau à savoir :
- Un bilan éducatif (entretien visant à déterminer vos besoins)
- Un suivi diététique (sur ordonnance uniquement)
- Un bilan et des séances d’activité physique adaptées (APA)
- Des ateliers collectifs pluri thématiques (diététique, activité physique, psychologique, traitements)
- Une plateforme d’autoformation en elearning
- Des consultations en néphrologie sur certains centres de santé
- Prêt de tensiomètre
L’adhésion peut se faire facilement en ligne sur le site du RENIF.
Mon rôle de diététicienne au sein du réseau RENIF
Je participe activement au réseau depuis plusieurs années. J’ai participé aux groupes de travail de diététiciennes pour formuler les recommandations diététiques et le déroulement des ateliers collectifs.
En cabinet, je réalise les bilans éducatifs et le suivi diététique. J’anime également plusieurs fois par an les ateliers collectifs en présentiel au réseau ou en visio.
La santé des reins passe aussi par l’assiette
Les recommandations diététiques sont orientées vers la néphroprotection. Elles consistent en particulier à :
- Adapter l’alimentation en protéines : en effet l’excès de protéines contribue à fragiliser la fonction rénale. Les apports sont strictement encadrés, dépendant du poids du patient et du stade de l’insuffisance rénale
- Adapter l’alimentation en sel afin de maintenir une tension artérielle dans les fourchettes recommandées en sus du traitement
- Adopter une alimentation contrôlée en graisses afin d’assurer la meilleure protection cardio vasculaire possible. Il faut savoir que la mortalité due à des causes cardiovasculaires est nettement plus élevée chez les patients souffrant d’IRC
- Adopter une alimentation contrôlée en glucides en cas de diabète, en plus du traitement
- Adopter une alimentation contrôlée en potassium ou en phosphore si les bilans sanguins en ces 2 minéraux sont perturbés.
- Prévenir la dénutrition qui peut survenir chez les patients aux stades sévères de la maladie rénale
Sources :
Article rédigé par Katia Tardieu, diététicienne nutritionniste