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Alcool calorie sucre et santé

10 juillet 2023

On entend parfois encore dire que l’alcool est bon pour la santé, que l’alcool “c’est du sucre” et que c’est très calorique. Tout ceci n’est pas tout à fait exact, explorons les données sur le sujet. 

 

1/ L’alcool est bon pour la santé : FAUX en général

Celà fait bien longtemps que l’on connait les méfaits de l’alcool sur la santé de tous les consommateurs, n’en déplaise aux adeptes. Ces risques sont malheureusement souvent méconnus du grand public. Les risques santé augmentent avec la dose d’alcool consommée : on distingue des effets à court ou long terme. L’alcool est une molécule toxique pour l’organisme qui doit être traitée/ éliminée en grande partie par le foie. Ce sont les enzymes hépatiques (l’alcool deshydrogénase puis l’acetaldehyde dehydrogenase) qui s’en chargent.

A court terme, l’intoxication alcoolique a des effets aigus sur le cerveau et peut être responsable de :

– traumatismes intentionnels et non intentionnels, (des accidents pouvant causer des blessures, la mort)

– la mauvaise évaluation des situations à risque et la perte du contrôle de soi. 

 

A long terme la consommation d’alcool est en cause dans l’augmentation du risque de développer plusieurs pathologies chroniques graves, même à des doses consommées modérées comme pour le cancer du sein. Ces pathologies sont : 

– la cirrhose hépatique

– certains cancers (des voies aérodigestives, du foie et du sein, colorectal, estomac)

– certaines maladies cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle (HTA) et l’accident vasculaire cérébral (AVC) ; 

– la démence

– le syndrome de dépendance alcoolique

Toutefois, à petite dose, le discours sur alcool et santé est beaucoup moins tranché, à la différence du discours sur le tabac qui lui est de toute façon “mauvais”. Il existe donc des controverses sur l’effet bénéfique potentiel de doses faibles et modérées d’alcool sur la santé cardiovasculaire. Certains de ces effets bénéfiques pourraient être liés à l’effet de l’alcool sur : l’élévation du bon cholestérol HDL, la diminution de facteurs de coagulation du sang, une légère diminution de la pression artérielle, l’augmentation de la sensibilité musculaire à l’insuline, la diminution du stress.

Il peut donc bien y avoir des effets bénéfiques de l’alcool, mais peut-être seulement pour certains sous-groupes de la population, dépendant de facteurs génétiques, du sexe et des habitudes de consommation (fréquence et type d’alcool), cependant, ce n’est pas une raison suffisante pour encourager la consommation d’alcool.

 

Sources : 

  • AVIS D’EXPERTS RELATIF À L’ÉVOLUTION DU DISCOURS PUBLIC EN MATIÈRE DE CONSOMMATION D’ALCOOL EN FRANCE – avis d’expert 2017 – Santé publique France
  • AMELI 
  • L’alcool dans le corps – effets et élimination – cahier 2 addiction suisse
  • https://www6.inrae.fr/nacre/Prevention-primaire/Facteurs-nutritionnels/Alcool-et-cancer#:~:text=Il%20n’existe%20pas%20de,’alcool%20consomm%C3%A9e%20%5B7%5D.
  • Grønbaek M. The positive and negative health effects of alcohol- and the public health implications. J Intern Med. 2009 Apr;265(4):407-20. doi: 10.1111/j.1365-2796.2009.02082.x. PMID: 19298457.

 

2/ L’alcool c’est du sucre : FAUX

Il est vrai que certains alcool contiennent encore du sucre après le processus de fermentation (fermentation du sucre du raisin pour le vin, de la pomme pour le cidre, de la canne à sucre pour le rhum, de l’orge pour la bière…). L’alcool issu de la fermentation du sucre présent dans la matière première n’est donc plus un sucre. D’ailleurs l’alcool est une molécule énergétique plus calorique que le sucre. Après fermentation par des levures, 17 grammes de sucre produisent 1 degré d’alcool. Ainsi, 200 g/litre de sucres dans les raisins permettent d’obtenir un vin à 11,5° d’alcool; À la suite de ce processus, une bouteille de vin dit sec ne contient plus que 2 à 3 grammes de sucres résiduels par litre. Les vins doux en renferment quant à eux de 30 à 50 g/litre, voire 150 g/litre et plus pour des vins très liquoreux comme le célèbre Sauternes. Ceci correspond à 22.5g de sucre dans un verre de 150 ml de sauterne. 

Les alcool contenant encore du sucre sont notamment : NB : Attention à calculer les apports en glucides de votre verre selon le volume d’alcool consommé !!

 

Quantité moyen de Glucides pour 100ml de boisson

Liqueur = 40g

Marsala = 28g

Porto = 14g 

Vin doux = 10.5g

Panaché = 5g

Bière sans alcool = 5g

Cidre doux = 5g

Saké = 5g

Bière brune = 4g

Vin blanc sec = 4g

Champagne = 2.8g

Vin rouge = 2.6g

Cidre brut = 2.6g

Vin rosé = 1.6g

Bière blanche = 0.4g

Alcool fort pur (Vodka, rhum, whisky…) = 0g

 

Sources : 

 

3/ L’alcool est très calorique et fait grossir : VRAI ET FAUX

L’alcool est une molécule énergétique plus calorique que le sucre et les protéines et moins que les lipides.

1g d’alcool pur = 7 kcal

1g de Protéine ou de Glucide = 4 kcal

1g de Lipide = 9 kcal

 

Les alcools les plus riches en éthanol (alcool) sont ceux qui titrent le degré alcoolique le plus élevé. Ils seront donc les plus caloriques également. A volume égal : Un rhum à 50° sera plus calorique qu’un vin rouge à 12° d’alcool, ce dernier étant plus calorique que la bière à 4°. Les boissons alcoolisées les plus caloriques seront donc celles qui associeront degré alcoolique élevé + une quantité de sucre importante. A ce titre, ce seront donc les cocktails qui seront les plus caloriques. A ceci il faudra tenir compte du volume de la boisson ! On ne boit pas un verre de vodka comme on boit un verre de vin ou de bière !

 

Comment calculer l’apport calorique d’un alcool ?

Prenons exemple sur le rhum qui affiche un degré alcoolique de 50°. (ou 50%)

Celui ci contient un Volume de 50ml d’éthanol pour 100ml de rhum, Or il est nécessaire de convertir le volume d’éthanol en gramme d’éthanol pour calculer son apport calorique (=7 kcal pour 1 g d’éthanol)

L’alcool est moins dense que l’eauLa densité de l’éthanol est d’environ 0.8 g/l (alors que l’eau est de 1g/ litre). Il est nécessaire d’en tenir compte pour calculer le grammage d’alcool dans la boisson.

Dans 100ml de rhum il y a 50X0.8 = 40g d’éthanol = 40X7 = 280 kcal.

Dans un verre de bar de 4cl (40ml) de rhum il y a 16g d’éthanol = 16X7 = 112 kcal

 

APPORT CALORIQUE – A LA PORTION – DES DIFFÉRENTES BOISSONS ALCOOLISÉES

1 verre de pastis 45° (2cl d’alcool + eau) = 51 kcal

1 verre de martini 14.4° (6cl) = 71 kcal

1 coupe de champagne 12° (12cl) = 93 kcal

1 demi de cidre 5° (25cl) = 97 kcal

1 verre de vin rouge ou blanc 12.5° (12cl) = 97 kcal

1 demi de bière blonde 5° (25cl) = 102 kcal

1 shot de rhum 50° (4cl) = 112 kcal

1 vodka orange (4cl de vodka 40° et 8cl d’orange) = 120 kcal

1 demi de bière cerise 4° (25cl) = 137 kcal

1 rhum coca (4cl de rhum 50°+8cl de coca) = 144 kcal

1 mojito (4cl de rhum 50°+2cl sirop de canne + eau et citron) = 180 kcal

1 pina colada (4cl de rhum 50°+6cl de jus ananas + 6 cl lait coco + 2cl de sirop de canne) = 312 kcal

 

NB : Téléchargez mon infographie sur les calories de l’alcool en fin d’article

 

Partant du constat que l’alcool apporte des calories (calories vides sans bénéfice nutritionnel soit dit en passant), et que tout apport calorique supplémentaire à un bilan équilibré peut influencer le poids, il serait presque évident de conclure que les calories de l’alcool augmentent le risque de prise de poids. De plus, les recherches montrent que la consommation d’alcool, qui stimule l’appétit, consommée avant ou pendant un repas s’accompagne d’une augmentation des apports alimentaires. En outre, l’alcool est connu pour réduire l’oxydation des graisses, entraînant ainsi un stockage desdites graisses, en particulier dans la région abdominale du corps. Pourtant les résultats des différentes études portant sur la question du rôle de l’alcool dans la prise de poids ou l’obésité ne sont pas concluants.

La encore c’est surement la DOSE qui fait le poison. 

Il semble qu’une consommation d’alcool légère à modérée n’est pas associée à un gain d’adiposité, tandis qu’une consommation excessive d’alcool, en l’absence de dépendance, est plus systématiquement liée à un gain de poids. En particulier, la consommation légère à modérée de vin pourrait diminuer le risque d’obésité (ce qui n’est pas le cas de la bière ou des spiritueux). A moins que le profil des individus légers consommateurs de vin soit celui de ceux qui prêtent aussi plus d’attention à leur assiette et à leur santé en général.

 

4/ Les recommandations de santé publique vis à vis de la consommation d’alcool 

Les avis d’expert recommandent aux consommateurs d’alcool de ne pas consommer plus de 10 verres standards par semaine, en conservant 2 jours d’abstinence et pas plus de 2 par jour pour les hommes et les femmes. La quantité d’alcool proposée dans le verre standard est de 10g. Ceci correspondrait à une consommation modérée d’alcool.

Bien évidement, l’abstinence de toute consommation est préférable à la santé.

 

Sources

– Yeomans MR. Alcohol, appetite and energy balance: is alcohol intake a risk factor for obesity? Physiol Behav. 2010 Apr 26;100(1):82-9. doi: 10.1016/j.physbeh.2010.01.012. Epub 2010 Jan 22. PMID: 20096714.

– Carmen Sayon-Orea and others, Alcohol consumption and body weight: a systematic review, Nutrition Reviews, Volume 69, Issue 8, 1 August 2011, Pages 419–431, https://doi.org/10.1111/j.1753-4887.2011.00403.x

– Traversy, G., Chaput, JP. Consommation d’alcool et obésité : une mise à jour. Curr Obes Rep 4 , 122-130 (2015). https://doi.org/10.1007/s13679-014-0129-4

– Grønbaek M. The positive and negative health effects of alcohol- and the public health implications. J Intern Med. 2009 Apr;265(4):407-20. doi: 10.1111/j.1365-2796.2009.02082.x. PMID: 19298457.

 

5/ Comment réduire sa consommation d’alcool 

Bien qu’une abstinence totale soit préférable pour la santé, ce sont surtout les forts consommateurs qui devraient bénéficier de la réduction de leur consommation d’alcool

Je vous donne quelques astuces pour réduire votre consommation d’alcool : 

  • Choisir les alcools au degré alcoolique le plus faible et/ou dont les verres contiennent la dose la plus petite d’alcool (ex : pastis, vin cuit, cidre, vin)
  • Eviter les cocktail et les vin sirupeux très riches en sucres
  • Buvez lentement, au cours d’un repas de préférence
  • Au cours d’un apéritif avec des amuses gueules gras et salés, tenter de vous abstenir de toute consommation car l’apport calorique des grignotages excédera largement celui de votre verre d’alcool
  • Alterner les verres d’alcool avec de l’eau 
  • Se fixer un nombre de verre à ne pas dépasser par semaine et par jour de consommation
  • Se fixer des jours d’abstinence de consommation 

Si vous avez l’impression de ne plus réussir à maîtriser votre consommation, n’hésitez pas à consulter un addictologue ou vous adresser à un service spécialisé dans la prise en charge des personnes atteintes d’addiction.

Les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), sont présents dans tous les départements français. Ils disposent d’équipes pluridisciplinaires composées de médecins, psychologues et de professionnels socio-éducatifs. Ils accueillent, gratuitement et de façon anonyme, toute personne en difficulté avec ses consommations (alcool, tabac, cannabis, opiacés et autres) ou ayant une conduite addictive (jeux, internet, etc.) ainsi que ses proches.

 

Article rédigé par Katia Tardieu, diététicienne nutritionniste

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