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Déprime de l’hiver et comportements

16 décembre 2024

Le Trouble affectif saisonnier TAS

A partir de l’automne, la diminution de l’ensoleillement semble affecter l’humeur de nombreux êtres humains.  La prévalence du TAS varie de 1,5 % à 9 %, suivant les études et selon la latitude. Elle est fréquente dans le nord et elle touche principalement les femmes. 

Léthargie, fatigue, excès alimentaires, envie de glucides et humeur dépressive sont des symptômes courants. Chez certaines personnes, la déprime hivernale se transforme en véritable dépression. Plus de 2/3 des personnes souffrant de TAS en souffrent chaque hiver. 

Source

Nussbaumer-Streit B, Forneris CA, Morgan LC, Van Noord MG, Gaynes BN, Greenblatt A, Wipplinger J, Lux LJ, Winkler D, Gartlehner G. Luminothérapie pour prévenir le trouble affectif saisonnier. Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, numéro 3. N° d’art. : CD011269. DOI : 10.1002/14651858.CD011269.pub3. Consulté le 14 décembre 2024

 

Lumière du jour et lumière intérieure

La luminosité extérieure et intérieure ont toutes deux des effets sur l’homme. L’éclairement extérieur peut varier de 5 lux à 120 000 lux. La lumière du plein soleil de midi correspond à une intensité lumineuse de plus de 120 000 lux.  En hiver, un ciel bas et gris affecte la luminosité et peut atteindre à peine 40 lux.

 

Lumière du soleil au zenith : 120000 lux

Lumière ciel bleu : 20000 lux

Lumière plein soleil au coucher : 400 lux

Lumière ciel très nuageux : < 200 lux

Lumière ciel entièrement couvert : 40 lux

En intérieur dans un magasin, la luminosité est de 1000 lux environ. 

 

Sources : 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lumi%C3%A8re_du_jour

 

Comment la lumière nous affecte

La lumière et son intensité affectent aussi bien les humains et les animaux, différemment selon qu’ils soient des animaux diurnes ou nocturnes. 

On connaît les effets du rythme lumière/obscurité sur la synchronisation de notre rythme circadien (c’est à notre notre horloge biologique). Cette alternance lumière/obscurité agit comme un signal permettant de coordonner les fonctions et activités de nos tissus et de nos organes et garantir qu’ils sont bien synchronisés entre eux.

La lumière influence aussi directement le rythme cardiaque, la température corporelle, le rythme du sommeil, notre vigilance, la mémoire et l’humeur. 

On constate que le niveau d’éclairage dans la journée influence le comportement et la physiologie humaine. Les personnes ayant le moins d’activité à l’extérieur le jour présentant le plus de risque de présenter des symptômes dépressifs.

A l’inverse, un éclairage intense et vif pendant la journée augmente l’éveil et améliore l’attention, active l’activité digestive, réduit les taux de cortisol plasmatique et augmente la montée nocturne de mélatonine favorisant alors le sommeil. Chez les chronotypes du soir (ceux qui ont tendance à préférer un coucher et lever tardif) un pic d’exposition à la lumière plus tardif est susceptible d’atténuer une partie du risque d’hyperphagie du soir.

En revanche, l’exposition à la lumière artificielle la nuit perturbe le fonctionnement circadien du métabolisme et nuit à l’homéostasie de l’organisme. L’exposition à une lumière artificielle vive pendant la nuit supprime la sécrétion de mélatonine, augmente la latence d’endormissement (SOL) et augmente la vigilance, provoque une résistance à l’insuline, une dérégulation de l’utilisation du glucose, une altération du rythme cardiaque et contribue à une prise de poids.

Une étude portant sur une large cohorte de femme suivie durant 5 ans a pu associer l’exposition à la lumière la nuit et en particulier le fait de dormir avec une télévision ou une lumière allumée dans la chambre à une prise de poids d’au moins 5 kg.

 

Sources

Stephenson, K. M., Schroder, C. M., Bertschy, G., & Bourgin, P. (2012). Complex interaction of circadian and non-circadian effects of light on mood: shedding new light on an old story. Sleep medicine reviews, 16(5), 445-454.

Yan L, Lonstein JS, Nunez AA. Light as a modulator of emotion and cognition: Lessons learned from studying a diurnal rodent. Horm Behav. 2019 May;111:78-86. doi: 10.1016/j.yhbeh.2018.09.003. Epub 2018 Oct 9. PMID: 30244030; PMCID: PMC6456444.

Meléndez-Fernández OH, Liu JA, Nelson RJ. Circadian Rhythms Disrupted by Light at Night and Mistimed Food Intake Alter Hormonal Rhythms and Metabolism. Int J Mol Sci. 2023 Feb 8;24(4):3392. doi: 10.3390/ijms24043392. PMID: 36834801; PMCID: PMC9963929.

De Young KP, Bottera AR, Kambanis PE. Sleep/waketime preference and delayed diurnal eating rhythms are associated through light exposure timing and modified by sleep efficiency. Appetite. 2022 Mar 1;170:105904. doi: 10.1016/j.appet.2021.105904. Epub 2021 Dec 28. PMID: 34968560.

Park, Y. M. M., White, A. J., Jackson, C. L., Weinberg, C. R., & Sandler, D. P. (2019). Association of exposure to artificial light at night while sleeping with risk of obesity in women. JAMA internal medicine, 179(8), 1061-1071.

Cho, Y., Ryu, S. H., Lee, B. R., Kim, K. H., Lee, E., & Choi, J. (2015). Effects of artificial light at night on human health: A literature review of observational and experimental studies applied to exposure assessment. Chronobiology international, 32(9), 1294-1310.

 

Effet de l’exposition à la lumière et de la luminothérapie 

Le traitement par la lumière est une option thérapeutique pour les patients qui souffrent de dépression saisonnière. La luminothérapie pourrait permettre corriger les symptômes liés à la baisse de luminosité.

Une étude portant sur l’effet de la lumière matinale a pu mettre en évidence son impact sur la production des hormones de régulation de l’appétit (leptine et ghréline) et sur la réduction de la faim qui peut accompagner la privation de sommeil.

Une méta analyse en 2005 a répertorié et étudié les résultats de différentes études portant sur le sujet. Après sélection des études selon leur qualité et leur pertinence, les chercheurs avaient retrouvé une réduction significative de la gravité des symptômes de la dépression saisonnière (ainsi que non saisonnière) après une cure de luminothérapie.

Les résultats d’une autre revue systématique de 2016 suggèrent que la luminothérapie est potentiellement efficace pour améliorer à la fois les troubles du comportement alimentaire (en particulier l’hyperphagie et le syndrome de l’alimentation nocturne) et l’humeur.

Cependant une revue Cochrane (le best of des métarevue) en 2019 tempère ces résultats, soulignant un manque de données fiables à cause de risques élevés de biais, d’échantillons trop faibles ou de méthodologie insuffisante. La revue n’a pas pu tirer de conclusions sur les effets de la luminothérapie sur la prévention du trouble affectif saisonnier et déclare qu’il revient au patient de choisir ou non cette option de traitement selon sa préférence.

 

Quelle exposition à la luminothérapie ? 

Si l’en revient au patient de tester la luminothérapie voici ce qu’il est recommandé de faire pour une meilleure efficacité : 

  • Celle ci doit être effectuée tôt le matin 
  • Elle doit se faire avec une lumière blanche d’au moins 2500 lux
  • Elle doit durer au moins 2h chaque jour 

On obtient un effet comparable avec une lumière blanche de 10 000 lux pendant 30 minutes.

Notons que le traitement et sûr, et qu’il peut être utilisé en complément avec les antidépresseurs. Sont répertoriés quelques effets secondaires transitoires et peu sévères comme les maux de têtes et la tension oculaire.

 

Sources

Figueiro MG, Plitnick B, Rea MS. Light modulates leptin and ghrelin in sleep-restricted adults. Int J Endocrinol. 2012;2012:530726. doi: 10.1155/2012/530726. Epub 2012 Aug 14. PMID: 22988459; PMCID: PMC3440859.

Golden, RN, Gaynes, BN, Ekstrom, RD, Hamer, RM, Jacobsen, FM, Suppes, T., … & Nemeroff, CB (2005). L’efficacité de la luminothérapie dans le traitement des troubles de l’humeur : revue et méta-analyse des données probantes. American Journal of Psychiatry , 162 (4), 656-662.

Nussbaumer-Streit B, Forneris CA, Morgan LC, Van Noord MG, Gaynes BN, Greenblatt A, Wipplinger J, Lux LJ, Winkler D, Gartlehner G. Luminothérapie pour prévenir le trouble affectif saisonnier. Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, numéro 3. N° d’art. : CD011269. DOI : 10.1002/14651858.CD011269.pub3. Consulté le 14 décembre 2024

Beauchamp, M. T., & Lundgren, J. D. (2016). A systematic review of bright light therapy for eating disorders. The Primary Care Companion for CNS Disorders, 18(5), 26718.

Luminothérapie et trouble affectif saisonnier dans la pratique clinique : revu médicale suisse https://www.revmed.ch/view/808549/6444286/RMS_2450_1756.pdf

 

Quels dispositifs choisir ?

Il existe plusieurs dispositifs de luminothérapie accessibles sur le marché : des lampes à poser et des dispositifs à placer sur la tête. 

Les études sur les visières lumineuses et autres dispositifs montés sur la tête rapportent des taux d’efficacité apparemment similaires. 

Si on tient compte des recommandations des fabricants et de UFC que choisir, il est nécessaire de choisir des lampes diffusant 10000 lux de qualité CE pour garantir le filtrage des rayons UV.

Leur usage doit se faire tôt le matin durant au moins 30mn à 1h. Le dispositif doit être positionné près du visage à environ 20-30 cm. 

On trouve dans le commerce des lampes de luminothérapie diffusant une lumière de 10000 lux pour un prix allant de 40 euros à plus de 250 euros.

 

Article rédigé par Katia Tardieu, diététicienne nutritionniste

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