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Les causes de la prise de poids, du surpoids et de l’obésité

5 décembre 2024

Nous avons vus dans un précédent article : prise de poids le long de la vie d’adulte, que la prise de poids avec le temps concerne TOUS  les individus et qu’elle est particulièrement rapide au début de la vie d’adulte avec une prise de poids moyenne de  +0,5 kg par an (et avec de vraies disparités entre les individus). Il existe de très nombreux facteurs qui influencent le poids des individus :  des facteurs alimentaires oui certes, mais pas que ! L’adage qui stipule que pour maigrir “il faut manger moins et bouger  plus” a des limites et traiter par l’assiette et l’activité ne suffit pas à régler la grande majorité des surpoids ou des obésités.

Je vous propose de passer en revue certains des principaux facteurs de prise de poids. Ce travail s’appuie bien entendu sur de nombreuses ressources scientifiques.

 

Le surpoids et l’obésité ont des composantes multifactorielles interconnectées

On peut citer 7 grands systèmes interconnectés qui interviennent dans la régulation de la balance énergétique et donc du poids des individus. Chaque grand système est lui même composé de multiples composantes qui s’autoinfluencent positivement ou négativement.

  • Le système biologique de susceptibilité à la prise de poids orchestré et déterminé par la génétique et l’épigénétique, l’alimentation foetale, maternelle et infantile reçue, le système hormonal de contrôle de l’appétit (faim et satiété), le fonctionnement digestif, le métabolisme de repos, la composition corporelle, la quantité de masse maigre, les réactions aux infections virales et bactériennes, la composition du microbiome, certaines pathologies, la réponse individuelle aux médicaments et aux différents traitements, le tabac et la réponse corporelle à l’arrêt du tabac, la réponse à la pollution environnementale, les grossesses chez les femmes, le temps de sommeil… 
  • Le système économique de production alimentaire produite dans son environnement, les politiques industrielles, la qualité et la composition nutritionnelle, la densité énergétique de l’alimentation, les portions vendues, le prix des aliments…
  • Le système lié à la consommation et aux habitudes alimentaires transmises et acquises de l’individu (exposition de l’individu à la nourriture, culture alimentaire, sélection et variété alimentaire, portions consommées, préférences)
  • Le système social et familial et médiatique influençant les comportements : pression sociale sur l’image et le poids, exposition à la publicité et aux médias, modèles de beauté, éducation et contrôle parental, culture …
  • Le système psychologique : estime et confiance en soi, profil psychologique, modalité de gestion du stress et des émotions, troubles alimentaires, tolérance à la frustration, conscience de soi, contrôle de soi, image de soi et degré d’insatisfaction corporelle, internalisation des critères de beauté, interrelations sociales et amicales
  • Le système lié à l’activité physique individuelle : éducation parentale, temps libre pour la pratique, volonté de pratique du sport et des activité physiques, modes de transports utilisés
  • Le système environnemental de praticabilité de l’activité physique : infrastructures sportives et coût de l’accessibilité, réseau de transports en commun, praticabilité de la ville à la marche, température ambiante, modalités du travail

 

Sources :

  • Foresight (2007) Tackling Obesities: Future Choices – Project Report. Government Office for Science UK
  • Gestion du poids : état de la science et opportunités pour les programmes militaires.Sous-comité de l’Institute of Medicine (États-Unis) sur la gestion du poids militaire. Washington (DC) : National Academies Press (États-Unis) ; 2004. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK221834/)

 

Je vous propose d’aborder spécifiquement ci dessous certains composants importants intervenant dans la régulation du poids.

 

1) Les facteurs génétiques et biologiques 

C’est bien désolant pour ceux qui héritent des gènes de leurs parents/grands parents ! car le surpoids et l’obésité ont une composante génétique importante, avec des estimations de son héritabilité allant de 40 à 70 % (1). Plusieurs gènes sont impliqués dans le développement de l’obésité. Ceux-ci impliquent notamment le contrôle neuronal de l’appétit et la régulation du métabolisme énergétique (utilisation par l’organisme des nutriments énergétiques ingérés).

Les individus présentent des caractéristiques métaboliques et fonctionnelles propres, guidés par leurs gènes et par l’impact de l’environnement et du mode de vie sur ces derniers (épigénétique), ce qui explique une grande partie des différences de variation de poids au cours de la vie de chacun d’entre nous. 

Certains individus sont dits “économes” et prennent plus de poids (ils stockent l’excédent d’énergie dans le tissu adipeux et en dépensent moins pour assurer les mêmes fonctions) en réponse à une suralimentation, tandis que d’autres sont “dépensiers” et brûlent les calories excédentaires (2). De plus, certaines études démontrent que le taux métabolique de base (composante principale de la dépense énergétique d’un individu) a diminué au cours des dernières décennies pouvant en partie contribuer à l’augmentation de l’obésité dans un environnement propice à une suralimentation (3). 

 

Sources

1- Herrera, BM, Lindgren, CM La génétique de l’obésité. Curr Diab Rep 10 , 498–505 (2010). https://doi.org/10.1007/s11892-010-0153-z

2- Piaggi P. Metabolic Determinants of Weight Gain in Humans. Obesity (Silver Spring). 2019 May;27(5):691-699. doi: 10.1002/oby.22456. PMID: 31012296; PMCID: PMC6481299.

3- Human basal metabolic rate has declined over the past 30 years. Nat Metab. 2023 Apr;5(4):544-545. doi: 10.1038/s42255-023-00790-2. PMID: 37100998. : 

 

2) Le rebond d’adiposité précoce dans l’enfance 

Les enfants à poids normal devraient paraître très maigres jusqu’à au moins 5-7 ans – et c’est souvent bien à tort que la famille pense leur enfant en sous poids à cet âge  : en effet, c’est à 5-7 ans que leur IMC est au plus bas. Normalement leur corpulence (rapport poids/taille ou IMC) devrait augmenter à partir de l’âge de 7 ans (ils semblent donc “grossir” et c’est normal car l’enfant grandit prodigieusement tandis que les muscles, la taille de ses différents organes et la masse grasse se développent peu à peu). 

Les enfants qui connaissent cette prise de poids trop jeune (ce qu’on appelle  rebond d’adiposité précoce) sont des enfants à risque d’obésité à l’âge adulte : La probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie selon les études de 20 à 50 % avant la puberté, à 50 à 70 % après la puberté (1). 

La courbe de corpulence/IMC des enfants est présente dans le carnet de santé et permet d’évaluer la dynamique de taille et de poids des enfants. Une prise en charge précoce est donc indispensable pour dépister et traiter les facteurs modifiables du surpoids et de l’obésité chez l’enfant à travers une éducation alimentaire, une activité physique et une prise en charge psychologique individuelle et familiale.

 

Sources :

1- Surpoids et obésité de l’enfant et de l’adolescent HAS septembre 2011

 

3) L’âge

Le poids d’un individu semble suivre une trajectoire déterminée. Plusieurs études se sont penchées sur l’analyse des trajectoires de poids et d’IMC sur 10 ans ou plusieurs dizaines d’années. Il en ressort que le poids augmente graduellement jusqu’à l’âge de 60 ans environ chez les hommes et les femmes et cette augmentation de poids est plus rapide/conséquente entre 20 et 30 ans puis décélère.  Il est très rare d’observer des courbes de poids descendantes. (cf article précédent sur l’évolution du poids le long de la vie d’adulte)

Pour illustrer ceci, voici quelle est la prise de poids moyenne par décennie chez les américains 

Entre 20 et 30 ans : +8kg

Entre 30 et 40 ans : +6,5 kg

Entre 40 et 50 ans : +4,3 kg

Entre 50 et 60 ans : + 2,1 kg

 

Sources

  • Yang YC, Walsh CE, Johnson MP, Belsky DW, Reason M, Curran P, Aiello AE, Chanti-Ketterl M, Harris KM. Life-course trajectories of body mass index from adolescence to old age: Racial and educational disparities. Proc Natl Acad Sci U S A. 2021 Apr 27;118(17):e2020167118. doi: 10.1073/pnas.2020167118. PMID: 33875595; PMCID: PMC8092468.
  • 10 Year Weight Gain in 13,802 US Adults: The Role of Age, Sex, and Race
  • Tucker LA, Parker K. 10-Year Weight Gain in 13,802 US Adults: The Role of Age, Sex, and Race. J Obes. 2022 May 6;2022:7652408. doi: 10.1155/2022/7652408. PMID: 35574515; PMCID: PMC9106499.

 

4) L’Origine ethnique 

Il existe des différences ethniques dans la prévalence du surpoids et de l’obésité.

En 2021 aux USA, la prévalence de l’obésité est de est de 32,8 % tous adultes confondus et particulièrement de : 

  • 43,9% chez les noirs
  • 38,6% chez les amérindiens
  • 36,7% chez les hispaniques
  • 31,5% chez les blancs
  • 13,2% chez les asiatiques

Les trajectoires d’IMC avec l’âge sont variables selon les ethnies. 

 

Sources : 

https://fr.statista.com/statistiques/559209/taux-de-surpoids-et-d-obesite-des-adultes-par-ethnicite-aux-etats-unis/

 

5) La grossesse 

La grossesse est un facteur de risque de prise de poids, pendant et après l’accouchement et plus la femme a d’enfants, plus son IMC augmente. Pour la plupart des femmes la rétention de poids post-partum semble varier de 0,5 à 4,8 kg, avec une moyenne de 1,5 à 2kg gagnés par enfant.

Certains facteurs génétiques semblent être en cause. Heureusement, l’activité physique peut atténuer les effets génétiques sur le potentiel de rétention de poids post-grossesse.

 

Sources : 

  • Dahl AK, Reynolds CA, Fall T, Magnusson PK, Pedersen NL. Multifactorial analysis of changes in body mass index across the adult life course: a study with 65 years of follow-up. Int J Obes (Lond). 2014;38(8):1133-1141. doi:10.1038/ijo.2013.204
  • Weight Management: State of the Science and Opportunities for Military Programs IInstitute of Medicine (US) Subcommittee on Military Weight Management. Washington (DC): National Academies Press (US); 2004.
  • 10 Year Weight Gain in 13,802 US Adults: The Role of Age, Sex, and Race
  • Tucker LA, Parker K. 10-Year Weight Gain in 13,802 US Adults: The Role of Age, Sex, and Race. J Obes. 2022 May 6;2022:7652408. doi: 10.1155/2022/7652408. PMID: 35574515; PMCID: PMC9106499.

 

6) Le manque de sommeil 

Il semble que la durée de sommeil influence la prise de poids voir l’obésité en particulier chez les plus jeunes. Cette association est moins claire chez les adultes et encore moins chez les personnes âgées. Certaines études démontrent  que les adultes dormant moins de 5 heures par nuit étaient 55 % plus susceptibles d’être obèses que ceux dormant plus de 5 heures.

Outre le fait que les dormeurs tardifs ont tendance à consommer près de 250 kcal de plus, en soirée par jour par rapport aux dormeurs “normaux”, un des mécanismes probable est que le manque chronique de sommeil constitue un stress métabolique  induisant une sécrétion de cortisol, hormone activant la prolifération des cellules adipeuses/ graisseuses en particulier au niveau abdominal.

Des preuves expérimentales ont pu mettre en évidence que la restriction du sommeil ou une durée plus courte de sommeil que d’habitude favorise une augmentation de l’appétit, une modification des préférences alimentaires (vers des aliments plus gras) et des quantités consommées. Au niveau biologique certaines études ont pu mettre en évidence une augmentation de l’hormone de la faim (ghréline) et une diminution de l’hormone de satiété (leptine)

De plus, les preuves s’accumulent en faveur d’une association entre manque de sommeil et maladies chroniques. 

 

Sources

  • Magee L, Hale L. Longitudinal associations between sleep duration and subsequent weight gain: a systematic review [published correction appears in Sleep Med Rev. 2012 Oct;16(5):491]. Sleep Med Rev. 2012;16(3):231-241. doi:10.1016/j.smrv.2011.05.005
  • Duclos M, Marquez Pereira P, Barat P, Gatta B, Roger P. Increased cortisol bioavailability, abdominal obesity, and the metabolic syndrome in obese women. Obes Res. 2005 Jul;13(7):1157-66. doi: 10.1038/oby.2005.137. PMID: 16076984.
  • Chaput, JP., Tremblay, A. Le sommeil insuffisant comme facteur contribuant à la prise de poids : une mise à jour. Curr Obes Rep 1 , 245-256 (2012). https://doi.org/10.1007/s13679-012-0026-7
  • Baron KG, Reid KJ, Kern AS, Zee PC. Rôle du moment du sommeil dans l’apport calorique et l’IMC. Obésité (Silver Spring). 2011 ; 19 : 1374-81.
  • Brondel, L., Romer, M. A., Nougues, P. M., Touyarou, P., & Davenne, D. (2010). Acute partial sleep deprivation increases food intake in healthy men. The American journal of clinical nutrition, 91(6), 1550-1559
  • Capers PL, Fobian AD, Kaiser KA, Borah R, Allison DB. A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials of the impact of sleep duration on adiposity and components of energy balance. Obes Rev. 2015 Sep;16(9):771-82. doi: 10.1111/obr.12296. Epub 2015 Jun 22. PMID: 26098388; PMCID: PMC4532553.

 

7) Le type de travail : travail de nuit ou le travail posté

Une revue systématique de la littérature scientifique publiée en 2023 rapporte et renforce les preuves d’une association entre le travail de nuit et la prise de poids,  l’obésité et les troubles métaboliques. Des études réalisées notamment chez les travailleurs postés ou chez les infirmières de nuit ont montré que ces derniers prenaient plus de poids que ceux travaillant de jour. 

Si les causes ne sont pas clairement établies, le travail de nuit a des implications sur la santé des travailleurs. Le désalignement de l’horloge biologique avec la lumière du jour, les perturbations des sécrétions circadiennes hormonales, l’augmentation de l’activité inflammatoire, l’augmentation de l’appétit, la diminution du temps total de sommeil et les perturbation des rythmes alimentaires,  sont autant de facteurs favorisant la prise de poids.

 

Sources

  • Dantas Filho F, Beretta MV, Borba Brum MC, da Costa Rodrigues T. Association between fixed night work and obesity: a systematic literature review. Clin Biomed Res [Internet]. 3º de março de 2023
  • Marquezea EC, Lemosa LC, Soaresa N, Lorenzi-Filhob G, Morenoa CR. Weight gain in relation to night work among nurses. Work. 2012;41 Suppl 1:2043-8. doi: 10.3233/WOR-2012-0429-2043. PMID: 22317017.

 

8) Les troubles psychiques, dépression, stress et émotion

Le stress chronique est un facteur de prise de poids abdominal notamment sous l’effet de la sécrétion des glucocorticoides (ex : le cortisol) qui contribue à la prolifération des cellules adipeuses. En effet, le tissu graisseux intra abdominal semble réagir au stress d’une manière différente des autres dépôts graisseux.

De plus le stress et les émotions négatives en général sont le terreau des troubles du comportement alimentaire compensatoires de type hyperphagique, orienté vers des aliments agréables au goût. Ces aliments agréables, réconfortants, souvent gras/ sucrés ou gras/salés, et caloriques, activent le système neural de la récompense et la sécrétion de dopamine (hormone du plaisir) qui réduit les signes de stress et améliore naturellement l’humeur par rétroaction.

 

Sources

  • Rebuffé-Scrive M, Walsh UA, McEwen B, Rodin J. Effect of chronic stress and exogenous glucocorticoids on regional fat distribution and metabolism. Physiol Behav. 1992 Sep;52(3):583-90. doi: 10.1016/0031-9384(92)90351-2. PMID: 1409924.
  • Norman Pecoraro, Faith Reyes, Francisca Gomez, Aditi Bhargava, Mary F. Dallman, Le stress chronique favorise une alimentation agréable au goût, qui réduit les signes de stress : effets de rétroaction et de rétroaction du stress chronique, Endocrinologie , volume 145, numéro 8, 1er août 2004, pages 3754-3762, https://doi.org/10.1210/en.2004-0305

 

Quant à la dépression, une méta analyse de 2010 confirme une association bidirectionnelle entre dépression et obésité : les personnes obèses avaient un risque accru de 55 % de développer une dépression au fil du temps, tandis que les personnes déprimées avaient un risque accru de 58 % de devenir obèses. Sans compter les conséquences des traitements antidépresseurs sur le poids. La prise de poids est particulièrement importante au cours des deuxième et troisième années de traitement durant lesquels le risque de prise de poids peut dépasser les 5% du poids corporel initial.

 

Sources

  • Luppino FS , de Wit LM , Bouvy PF, et al. Surpoids, obésité et dépression : une revue systématique et une méta-analyse des études longitudinales . Arch Gen Psychiatrie. 2010;67(3):220-229. est ce que je:10.1001/archgenpsychiatry.2010.2
  • Antidepressant utilisation and incidence of weight gain during 10 years’ follow-up: population based cohort study- Rafael Gafoor, research associate – Helen P Booth, senior researcher – Martin C Gulliford, professor of public health –  BMJ 2018; 361 doi: https://doi.org/10.1136/bmj.k1951

 

8) Les médicaments 

De nombreux médicaments sont associés à des prises de poids. Malheureusement, malgré leurs effets secondaires, ils sont souvent indispensables pour soigner le patient. Parmi ceux ci on trouvera de nombreux antidépresseurs, des antipsychotiques, des anticonvulsivants, des béta bloquants, des antidiabétiques… l’effet sur le poids de ces traitements peut être très différent d’un individu à l’autre. 

 

Sources 

  • HAS • Obésité de l’adulte : prise en charge de 2e et 3e niveaux • juin 2022, page 129
  • http://stacommunications.com/journals/leclinicien/2014/04-June/04CLI_028.pdf

 

 

10) L’alimentation 

Nous avons vu par les exemples ci avant que l’excès d’apport énergétique n’est pas le seul facteur de prise de poids. Toutefois, une alimentation excessive face à des dépenses insuffisantes contribue jours après jours à l’hypertrophie du tissu adipeux, donc à la prise de poids. 

L’énergie apportée en excès est prioritairement stockée dans les réserves facilement mobilisables en cas de besoin qu’est le tissu gras. 

L’augmentation de la densité énergétique de la nourriture (beaucoup de calories dans un petit volume : aliments riches en graisses, pauvre en eau et en fibres et en protéines), l’omniprésence d’une nourriture hypersavoureuse  (ex : fasts food/ ou malbouffe), la consommation de calories liquides faciles à absorber (ex : jus/sodas/boissons sucrées), rendent plus difficile l’autorégulation de l’appétit et l’adaptation métabolique des consommateurs.

Il a également été démontré qu’une alimentation ultratransformée, pauvre en fibres, souvent plus facile à assimiler et riche en divers additifs favorise l’obésité, favorise un milieu pro inflammatoire et un appauvrissement de notre microbiote intestinal. 

 

Sources

  • Stelmach-Mardas, M. ; Rodacki, T. ; Dobrowolska-Iwanek, J. ; Brzozowska, A. ; Walkowiak, J. ; Wojtanowska-Krosniak, A. ; Zagrodzki, P. ; Bechthold, A. ; Mardas, M. ; Boeing, H. Lien entre la densité énergétique alimentaire et les changements de poids corporel chez les adultes obèses. Nutriments 2016 , 8 , 229. https://doi.org/10.3390/nu8040229
  • https://www.senat.fr/rap/r22-290/r22-2901.pdf
  • H Arshad et al. Association between ultra-processed foods and recurrence of depressive symptoms : the Whitehall II cohort study. Nutr Neurosci, 29 mars 2023 ; doi : 10.1080/1028415X.2022.2157927
  • Askari M, Heshmati J, Shahinfar H, Tripathi N, Daneshzad E. Ultra-processed food and the risk of overweight and obesity: a systematic review and meta-analysis of observational studies. Int J Obes (Lond). 2020 Oct;44(10):2080-2091. doi: 10.1038/s41366-020-00650-z. Epub 2020 Aug 14. PMID: 32796919.
  • Dicken, SJ ; Batterham, RL Le rôle de la qualité de l’alimentation dans la médiation de l’association entre la consommation d’aliments ultra-transformés, l’obésité et les résultats liés à la santé : un examen des études de cohorte prospectives. Nutriments 2022 , 14 , 23. https://doi.org/10.3390/nu14010023

 

10) Les régimes 

Les réponses métaboliques des individus maigres et obèses à une perte de poids corporel obtenue expérimentalement, suggèrent que la quantité d’énergie stockée, en particulier celle stockée dans le tissu gras, est défendue pour maintenir un poids “de consigne”. Des mécanismes biologiques puissants médiés par le système nerveux central et impliquant la perturbation des productions des hormones de la faim et de la satiété s’opposent à l’amaigrissement afin de rétablir le poids de consigne (set point) .  Il existe une régulation coordonnée inconsciente entre l’apport et la dépense énergétique médiée par des signaux émanant des tissus adipeux, gastro-intestinaux et endocriniens, et intégrés par le foie et par le système nerveux central.  

  • Le déficit calorique provoqué par les régimes conduisent naturellement à une diminution de la satiété, une augmentation de l’appétit et de la faim, et à une augmentation inconsciente de la prise alimentaire voire à une perte du contrôle alimentaire. 
  • Les régimes de restriction de l’apport calorique surtout si le déficit est sévère, ont tendance à ralentir le métabolisme de base au delà de ce que prédit la perte de poids selon un phénomène appelé adaptation métabolique. La diminution du taux métabolique en réponse au régime serait d’environ 100kcal par jour dont 40% est représenté par l’adaptation métabolique des tissus. Notons que la diminution du métabolisme de base est extrêmement variable et imprévisible d’un individu à l’autre et peuvent dépasser les -350 kcal/ jour chez certains d’entre nous.

Le ralentissement du métabolisme de base durant et après la perte de poids est lié à 2 phénomènes : la perte de tissus métaboliquement dépensiers en énergie/calories pendant la perte de poids (muscle, os, tissus des organes) auquel s’ajoute la réduction de l’activité métabolique des tissus restants (=adaptation métabolique). 

 Ce phénomène incontournable survient pendant le régime et se poursuit même durablement après la phase de perte de poids ce qui peut expliquer en partie la tendance à la reprise de poids et l’effet yoyo des régimes. Cet effet d’économie d’énergie en réponse à une restriction est adaptatif et n’est pas prédictible, celà explique également que parmi les personnes au régime, certaines d’entre elles verront leur poids stagner très vite malgré le régime scrupuleusement suivi. 

Ces processus de régulation énergétique sont similaires chez les individus maigres ou obèses. Ceci suggère que le poids est déterminé biologiquement et que le traficotage du régime alimentaire aura une influence “à la marge”.

 

Sources

  • Martínez-Gómez, Mario G. 1 ; Roberts, Brandon M. 2. Adaptations métaboliques à la perte de poids : un bref aperçu. Journal of Strength and Conditioning Research 36(10):p 2970-2981, octobre 2022. | DOI : 10.1519/JSC.0000000000003991
  • Martin, A., Fox, D., Murphy, CA et al. Les pertes tissulaires et les adaptations métaboliques contribuent toutes deux à la réduction du taux métabolique au repos après une perte de poids. Int J Obes 46 , 1168-1175 (2022). https://doi.org/10.1038/s41366-022-01090-7
  • Rosenbaum M, Leibel RL. Adaptive thermogenesis in humans. Int J Obes (Lond). 2010 Oct;34 Suppl 1(0 1):S47-55. doi: 10.1038/ijo.2010.184. PMID: 20935667; PMCID: PMC3673773.

 

EN CONCLUSION

De très nombreux facteurs influencent le poids et son évolution au cours de la vie. Il n’est possible d’agir que sur certains facteurs modifiables du surpoids, c’est à dire ceux en lien avec son hygiène de vie et son environnement de vie. 

Un travail diététique permettra de comprendre les liens entre le poids, la santé et l’alimentation, d’adapter la ration énergétique à ses besoins, de redéfinir la composition et le rythme de ses repas, de mieux choisir ses aliments, de questionner ses croyances et connaissances sur l’alimentation, d’apaiser sa relation à la nourriture, de participer au traitement des troubles du comportement alimentaire en partenariat avec la psychothérapie

Un travail sur l’activité physique permettra d’optimiser le travail diététique, de préserver la masse maigre durant une phase de perte de poids, de se remettre en condition cardio respiratoire, d’augmenter la dépense énergétique et le métabolisme de base, de gagner en force musculaire, d’améliorer la composition corporelle, de sculpter la silhouette, d’améliorer l’estime de soi 

Un travail psychologique et comportemental conditionnera l’implication dans le soin à soi, aidera à repérer et à résoudre les schémas répétitifs dysfonctionnels, soutiendra l’expression et la régulation des émotions pour qu’elles n’interfèrent plus avec la prise de nourriture, traitera les problèmes d’estime et d’image de soi …

Un travail en parallèle sur le repos et le sommeil, aidé par un médecin ou un somnologue sera indispensable à la régulation du métabolisme, à la synchronisation de l’horloge biologique, des émotions et de l’appétit.

Il est tout à fait vain d’attribuer ses variations de poids à ses seules habitudes alimentaires ou de vie car bien d’autres éléments entrent en jeu. Un nombre non négligeable de déterminants du poids (ex : la génétique, le métabolisme, l’ethnie, l’âge..)  sont prédéterminés ou acquis et sont non modifiables, ceci implique qu’une partie du surpoids ne pourra pas être traitée par des interventions conventionnelles. C’est pourquoi il est absolument indispensable d’aller vers l’acceptation de son corps sous toutes ses formes.

Quant à l’obésité, nous ne savons pas encore la traiter efficacement et définitivement. Lorsque les modifications du style de vie ne permettent pas d’atteindre une perte de poids suffisante pour préserver la santé, les solutions qui s’offrent à nous aujourd’hui sont les médicaments de l’obésité et la chirurgie bariatrique. 

Ces solutions de l’obésité qui ont pour but d’améliorer la qualité de vie et la santé doivent être discutées au cas par cas avec des médecins spécialisés intervenant dans les centres spécialisés de l’obésité (CSO).

 

 

Article rédigé par Katia Tardieu, diététicienne nutritionniste

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