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Les dangers du jeûne intermittent (partie 6)

18 février 2024

Cet article est la suite des 5 premiers volets concernant le jeûne intermittent. Avant de lire cette 6ème partie concernant mes recherches sur le jeûne intermittent, je vous invite à lire la partie 1 – partie 2  et partie 3, partie 4 et partie 5 si ce n’est pas déjà fait.

 

Effets secondaires, Risques physiques et psychologiques des pratiques de jeûne  

 

(1) (2) (3) Les personnes suivant des modèles de régime de jeûne adoptent des degrés de restriction calorique variés. Les risques pour la santé dépendent essentiellement du degré de restriction calorique associée, notamment en protéines/ vitamines et minéraux. Les pratiques de semi famine ou les régimes très hypocaloriques (<800 kcal) peuvent entraîner : 

  • des carences nutritionnelles
  • des troubles électrolytiques
  • une diminution de la masse maigre / musculaire/ osseuse
  • des adaptations biologiques favorables à une reprise de poids 
  • des augmentations de la masse grasse au delà des valeurs initiales à la reprise de poids
  • des troubles alimentaires de type hyperphagiques 

 

En dehors de ces pratiques trop restrictives, les pratiques de jeûne semblent saines et sûres et assez bien tolérées (4), même pour les diabétiques de type 1 cherchant à perdre du poids (5).

(6) Une intervention de 12 semaines de TRF de 8h faite chez chez 23 adultes obèses a conclut à la sécurité de la pratique du TRF et à l’absence d’effets indésirables tant sur la perception de l’image corporelle, le comportement alimentaire ou sur la numération globulaire sanguine complète.

Quelques effets indésirables peuvent toutefois survenir (7) tels que : vomissements, maux de tête, soif accrue et diarrhée, constipation et d’étourdissements. L’entraînement en résistance combiné à 8 h de TRF entraîne des réductions significatives tout en restant dans des valeurs proches de la normale de la testostérone totale et de la triiodothyronine totale (T3).

Concernant l’aspect psychologique, on peut rappeler en premier lieu que la dépression et la perte de l’estime de soi sont des conséquences psychologiques fréquentes des échecs à répétition des régimes amaigrissants. Sur le plan comportemental, le syndrome de restriction cognitive, conduisant à la réduction de la ration alimentaire pour atteindre un poids inférieur au poids spontané et s’y maintenir, induit une perturbation du comportement alimentaire qui augmente le risque de reprise de poids, au delà même du statut pondéral initial. (8) 

Une étude menée chez des jeunes femmes en bonne santé a cherché à évaluer l’impact psychologique d’un jeune court de 18 heures. Celui-ci à conduit à une irritabilité accrue, mais également à des expériences affectives positives tel qu’un sentiment accru d’accomplissement, de récompense, de fierté et de contrôle, malgré l’accroissement de la sensation de faim (9).

L’étude CALERIE a pu examiner l’effet de 6 mois de 25% de restriction calorique par rapport aux besoins sur les paramètres psychologiques et comportementaux. Les résultats suggèrent que ce niveau de restriction n’était pas associé au développement de symptômes de troubles de l’alimentation, ni à une diminution de la qualité de vie, ni à une humeur dépressive ou à des troubles cognitifs. 

Dans une autre étude, une restriction plus importante de 50 % pendant 6 mois chez les hommes en bonne santé était associée au développement de symptômes de troubles de l’alimentation, tels que des crises de boulimie. De plus, la RC ou l’intention de restreindre l’apport a été associée à l’apparition de troubles de l’alimentation, notamment l’anorexie et la boulimie et l’hyperphagie boulimique. (10)

 

CONCLUSION 

Les pratiques de jeûne intermittent sont sans danger pour la santé physique et psychologique, sous réserve que l’apport calorique soit suffisant. En effets tout porte à croire que 25% de restriction calorique soit bien tolérés sur les plans physique, psychologique et comportemental, tandis qu’une restriction calorique de 50% des besoins (=Régime très hypocalorique) est délétère. C’est pourquoi il est fortement recommandé d’être accompagné par un professionnel de la nutrition, diététicien nutritionniste OU médecin nutritionniste uniquement (seuls professionnels de santé autorisés à pourvoir des conseils nutritionnels) pour vous accompagner dans cette pratique.

 

Sources

1- Grant M. Tinsley, Paul M. La Bounty, Effects of intermittent fasting on body composition and clinical health markers in humans, Nutrition Reviews, Volume 73, Issue 10, October 2015, Pages 661–674, https://doi.org/10.1093/nutrit/nuv041

2 – Lowe DA, Wu N, Rohdin-Bibby L, et al. Effects of Time-Restricted Eating on Weight Loss and Other Metabolic Parameters in Women and Men With Overweight and Obesity: The TREAT Randomized Clinical Trial [published correction appears in JAMA Intern Med. 2020 Nov 1;180(11):1555] [published correction appears in JAMA Intern Med. 2021 Jun 1;181(6):883]. JAMA Intern Med. 2020;180(11):1491-1499. doi:10.1001/jamainternmed.2020.4153

3 – Grant M. Tinsley, Paul M. La Bounty, Effects of intermittent fasting on body composition and clinical health markers in humans, Nutrition Reviews, Volume 73, Issue 10, October 2015, Pages 661–674, https://doi.org/10.1093/nutrit/nuv041

4 – Varady, K.A., Cienfuegos, S., Ezpeleta, M. et al. Clinical application of intermittent fasting for weight loss: progress and future directions. Nat Rev Endocrinol (2022). https://doi.org/10.1038/s41574-022-00638-x

5 – Jane Overland, Krisztina Toth, Alice A. Gibson, Amanda Sainsbury, Janet Franklin, Amanda Gauld, Jencia Wong,The safety and efficacy of weight loss via intermittent fasting or standard daily energy restriction in adults with type 1 diabetes and overweight or obesity: A pilot study, Obesity Medicine,Volume 12,2018,Pages 13-17,ISSN 2451-8476,https://doi.org/10.1016/j.obmed.2018.11.001

6 – Gabel K, Hoddy KK, Varady KA. Safety of 8-h time restricted feeding in adults with obesity. Appl Physiol Nutr Metab. 2019 Jan;44(1):107-109. doi: 10.1139/apnm-2018-0389. Epub 2018 Sep 14. PMID: 30216730

7 – Wilkinson MJ, Manoogian ENC, Zadourian A, et al. Ten-Hour Time-Restricted Eating Reduces Weight, Blood Pressure, and Atherogenic Lipids in Patients with Metabolic Syndrome. Cell Metab. 2020;31(1):92-104.e5. doi:10.1016/j.cmet.2019.11.004

8 – ANSES Avis relatif à la demande d’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement

9- Watkins Ellen, Serpell Lucy – The Psychological Effects of Short-Term Fasting in Healthy Women – Frontiers in Nutrition 2016

10 – Redman LM, Ravussin E. Caloric restriction in humans: impact on physiological, psychological, and behavioral outcomes. Antioxid Redox Signal. 2011;14(2):275-287. doi:10.1089/ars.2010.3253

 

 

Article écrit par Katia Tardieu Diététicienne Nutritionniste

 

 

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