MIEUX COMPRENDRE LA DIGESTION et les liens avec l’intestin irritable et autres troubles digestifs
La composition des repas, les portions consommées, les modes de cuisson, certains aliments ainsi que le rythme et la manière de consommer ses repas influencent les processus de digestion et le confort digestif (gastrique et intestinal) perçu.
Les infections virales et bactériennes, le stress, la présence ou l’absence d’activité physique, certains médicaments, la longueur du tube digestif, sa motricité, la composition du microbiote intestinal, les allergies ou intolérances alimentaires individuelles (sucres fermentescibles FODMAPs, lactose, gluten, histamine, ATI (inhibiteurs de l’amylase/trypsine) du blé …) peuvent également provoquer des troubles digestifs de type constipation, diarrhées, aérophagie, nausées et ballonnements.
Certaines pathologies du tube digestif : les MICI (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique), l’intolérance au gluten / maladie coeliaque, le syndrome de l’intestin irritable, l’insuffisance pancréatique, la hernie hiatale, les infections bactériennes ou virales, la diverticulose et la polypose colique peuvent entretenir une sensibilité intestinale qui nécessite des adaptations alimentaires.
Si bien se nourrir ne permet pas au patient de guérir ou de régler définitivement le problème, agir sur l’alimentation permet souvent de diminuer les symptômes et de les rendre acceptables dans la vie quotidienne.
Mieux comprendre le processus de digestion
La digestion est le processus qui permet à l’organisme d’extraire et d’absorber tous les nutriments des aliments. Elle s’effectue dans le tube digestif de la bouche à l’anus.
La durée de cette digestion est variable mais elle dure en moyenne entre 24 et 72h. La digestion haute dans l’estomac dure entre 2 et 5h pour un repas solide « standard ». La digestion/ absorption dans l’intestin grêle dure de 3 à 6 h et la digestion colique contribuant à la formation des selles peut durer de 30 à 50 h pour un transit « normal », avec des extrêmes plus courts ou plus longs selon l’alimentation, l’hydratation, la motilité.
Le tube digestif est composé de plusieurs parties aux fonctions distinctes : la bouche, l’estomac, puis les différentes parties de l’intestin grèle (duodénum, jejunum, iléon) et se termine par le colon (gros intestin). Ce tube digestif associé au cerveau et système nerveux, au pancréas, au foie participent à la digestion en sécrétant divers composants chimiques et notamment des enzymes digestives.
La digestion implique de nombreux processus mécaniques chimiques et hormonaux qui visent à propulser le bol alimentaire, broyer, liquéfier, imprégner, émulsifier, fragmenter les aliments et leur macro constituants (protéines, lipides, glucides), en particules plus élémentaires qui seront capables de traverser la barrière de la paroi intestinale et passer dans le sang pour aller nourrir les cellules de l’organisme.
Propulsion du bol alimentaire
Le tube digestif est soumis à des contractions à chaque instant. Lors du processus de digestion, les contractions du tube digestif propulsent les aliments de haut en bas suivant un rythme contrôlé par des mécanismes neurologiques et hormonaux. Des contractions autonomes et involontaires spécifiques ont également lieu en dehors des repas pour nettoyer le tube digestif des restes des fragments de repas.
Dans le cas du syndrôme de l’intestin irritable, le tube digestif est hyperactif et présente des anomalies des activités électriques et contractiles ainsi que des récepteurs chimiques, mécaniques et thermique dysfonctionnels et hypersensibles.
La combinaison entre un rythme de contractions aberrantes d’une part et d’autre part à des récepteurs hypersensibles à la composition chimique des aliments, la température ou la distension, entretient un transit irrégulier, gêne et douleur.
Etapes de la digestion
A chaque étage du tube digestif, les aliments subissent différents traitements qui vont les rendre assimilables par l’organisme. Ce qui ne sera pas assimilé, sera évacué dans les urines et les matières fécales.
1/ Bouche et dents
Les aliments sont broyés, réduits en fines particules et imprégnés de salive. Celle- ci contient une première enzyme : l’amylase salivaire capable de digérer une partie de l’amidon compris dans les féculents. La réduction de la taille des particules du bol alimentaire lors de cette étape est importante pour la digestion des nutriments, car elle augmente la surface totale et, par conséquent, l’accessibilité des enzymes digestives. Les aliments insuffisamment mâchés et imprégnés de salive affectent la digestion colique des glucides occasionnant une plus grande fermentation. En outre, la mastication est corrélée à une satiété plus longue.
Sources :
Kim EH, Wilson AJ, Motoi L, Mishra S, Monro J, Parkar SG, Rosendale D, Stoklosinski HM, Jobsis CMH, Wadamori Y, Hedderley DI, Morgenstern MP. Chewing differences in consumers affect the digestion and colonic fermentation outcomes: in vitro studies. Food Funct. 2022 Sep 22;13(18):9355-9371. doi: 10.1039/d1fo04364a. PMID: 35972507.
Miquel-Kergoat, S., Azais-Braesco, V., Burton-Freeman, B., & Hetherington, M. M. (2015). Effects of chewing on appetite, food intake and gut hormones: a systematic review and meta-analysis. Physiology & behavior, 151, 88-96.
Liu, Z., Forde, C. G., Stieger, M., & Rubert, J. (2025). Chewing behavior and bolus particle size of rice influence carbohydrate digestion and gut microbiome metabolism in vitro. Food Chemistry, 145404.
2/ Oesophage : un tube soumis à des contractions
Le bol alimentaire ainsi broyé, transite de la bouche à l’estomac via l’oesophage qui est également soumis à des contractions pour propulser les aliments.
L’oesophage peut subir également des troubles moteurs générant des spasmes douloureux.
Les aliments arrivent dans l’estomac en traversant le sphincter inférieur de l’oesophage (SIO). Si celui ci est trop relâché, les aliments et le suc gastrique refluent vers le haut (provoquant un reflux gastro oesophagien RGO). La grossesse, la situation d’obésité, le tabac, l’alcool, la présence d’une hernie hiatale et certains aliments favorisent la relaxation de ce sphincter provoquant des reflux.
3/ L’estomac : lieu de la digestion gastrique
L’estomac au repos est une poche d’un volume de 0.5l capable de se distendre pour accueillir jusqu’à 4 litres de nourriture.
La durée de la digestion gastrique est de 2 à 3 heures après le repas environ et dépend de plusieurs facteurs : la composition de l’aliment, son état de transformation, sa viscosité, la présence ou non d’éléments non digestibles, l’âge du mangeur…
La partie haute de l’estomac (le fondus) se détend pour accueillir la nourriture. Le bol alimentaire y subit une digestion mécanique par brassage lié aux contractions de la paroi musculaire gastrique – et une digestion chimique par le suc gastrique qui est de l’acide chlorhydrique produit par l’estomac. Ce suc gastrique est très acide et érosif, ce qui explique les sensations de brulures en cas de reflux.
Cette production acide associée à la production d’enzymes gastriques, permet la fragmentation des protéines et des lipides en molécules plus petites qui pourront passer le prochain sphincter et poursuivre leur digestion dans l’intestin.
L’acidité de l’estomac permet aussi au fer, calcium, magnésium, zinc d’être ionisé pour mieux faciliter leur absorption ultérieure.
L’acidité de l’estomac permet d’éliminer de nombreuses bactéries et également de maintenir activée la vitamine C ou de libérer la Vitamine B12 des aliments.
NB : un usage prolongé des IPP (antiacides utilisés en cas de reflux (ex : esomeprazole..)) est un facteur de risque d’ostéoporose et de carence en Vit B12, fer, mg, Vit C, calcium et de sensibilité aux infections bactériennes.
Lors de cette étape, le bol alimentaire fractionné passe à un état liquide, le chyme, capable d’être évacué petit à petit, par petits jets, vers la première partie de l’intestin (duodénum) à travers le sphincter pylorique.
Vidange de l’estomac influencée par la composition et la texture des repas
L’estomac se vidange progressivement en évacuant le chyme à travers le sphincter pylorique ou pylore qui s’ouvre et se referme. La vitesse de vidange dépend du volume du repas, de sa consistance liquide/ solide, de sa viscosité et de sa composition et valeur calorique. La vitesse de vidange gastrique est finement régulée par des récepteurs duodénaux, capables d’analyser la teneur du chyme en calories, lipides, acidité, osmolarité… et de moduler la vitesse de la vidange en la ralentissant ou la diminuant(système de frein duodénal). L’estomac se vide en moyenne à une vitesse d’environ 1 à 4 kcal/min, plus rapide en début de digestion et plus lente à la fin. En volume, la vitesse initiale de vidange gastrique se situe entre 10 et 40 mL/min immédiatement après les repas, et la vitesse de vidange ultérieure est réduite à 2–4 mL/min. Seules les particules pulvérisées à des tailles inférieures à 2-3mm peuvent être évacuées.
Il peut arriver que cette vidange soit trop rapide et brutale (notamment après une chirurgie bariatrique), si bien que le mangeur peut ressentir un syndrome de dumping avec malaise, douleurs intestinales et diarrhée brutale. Cette vidange brusque peut survenir à la suite de la consommation d’un repas riche en sucre et/ou sel ce qui conduit à la production d’un chyme très concentré en molécules (mélange hyperosmolaire) occasionnant un brusque appel d’eau et une accélération de la motricité.
La texture du repas influence la vitesse de la vidange
Les liquides quittent en premier l’estomac, puis les aliments solides digestibles transformés en chyme.
Les liquides visqueux (à écoulement lent) ont la propriété de ralentir la vidange de l’estomac (ex : soupe épaisse..), ce qui conduit à augmenter le temps de satiété et de diminuer la réponse glycémique.
NB : il est possible d’augmenter la viscosité d’un repas en intégrant certains aliments à son régime alimentaire habituel, voire des compléments alimentaires.
Les grosses particules ayant échappé à la fragmentation et les fibres non digestibles sont propulsés hors de l’estomac avec force à la fin, pendant la période interdigestive.
Sources :
https://www.srlf.org/wp-content/uploads/2015/11/0807-Reanimation-Vol17-N5-p454_461.pdf
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0399832009715234
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04207421v1/document
https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2012/revue-medicale-suisse-344/statut-en-vitamines-et-en-oligo-elements-impact-des-medicaments
Moxon, T. E., Nimmegeers, P., Telen, D., Fryer, P. J., Van Impe, J., & Bakalis, S. (2017). Effect of chyme viscosity and nutrient feedback mechanism on gastric emptying. Chemical Engineering Science, 171, 318-330.
Liu, W., Jin, Y., Wilde, PJ, Hou, Y., Wang, Y. et Han, J. (2020). Mécanismes, physiologie et progrès récents de la recherche sur la vidange gastrique. Critical Reviews in Food Science and Nutrition , 61 (16), 2742-2755. https://doi.org/10.1080/10408398.2020.1784841
Goyal, R. K., Guo, Y., & Mashimo, H. (2019). Advances in the physiology of gastric emptying. Neurogastroenterology & Motility, 31(4), e13546.
Zhu Y, Hsu WH, Hollis JH (2013) The Impact of Food Viscosity on Eating Rate, Subjective Appetite, Glycemic Response and Gastric Emptying Rate. PLOS ONE 8(6): e67482. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0067482
Parmi les syndromes et conditions à l’origine des troubles de la digestion gastrique on peut citer :
Le reflux gastro oesophagien ou RGO, la hernie hiatale, la chirurgie bariatrique et en particulier la sleeve, l’infection à helicobacter Pilori.
On peut citer également la dyspepsie fonctionnelle qui est trouble fréquent et diffus, d’origine idiopathique (origine inconnue), se présentant sous une diversité de formes de type ballonnement, lourdeur, digestion difficile ou inconfort. On peut associer ce trouble à l’intestin irritable (associant pb moteur et hypersensibilité) et il est susceptible de s’améliorer en suivant quelques règles d’hygiène diététique.
4/ L’intestin grêle : digestion et absorption des nutriments
L’intestin grêle est composé de 3 parties où se produisent des réactions différentes.
Le duodénum
Après l’estomac, le bol alimentaire transformé en chyme est évacué dans la première partie : le duodénum.
C’est ici que sont déversés les sucs digestifs provenant du foie et du pancréas qui vont poursuivre la digestion les lipides, glucides et protéines.
Une insuffisance pancréatique et/ ou hépatique conduisent à des perturbations de la production des différentes enzymes, provoquant une malabsorption et des troubles intestinaux. (diarrhées, fermentations …)
Les glucides sont digérés par l’amylase pancréatique, les lipides sont émulsionnés par la bile et fragmentés par la lipase pancréatique, les protéines sont découpés par le trypsine et chymptrypsine produits et libérés par le pancréas.
Comme explicité plus haut, l’arrivée brusque d’un chyme trop concentré en sel ou sucre est susceptible de provoquer un appel d’eau massif générant des diarrhées et malaises (dumping), fréquent en cas de chirurgie bariatrique.
Une insuffisance pancréatique (conséquence fréquente suite à un by pass et dans d’autres conditions métaboliques) conduit à un défaut de production des nombreuses enzymes digestives et donc à une dégradation insuffisante des macronutriments empêchant leur absorption, provoquant des douleurs intestinales et souvent des diarrhées. Seule une supplémentation en extraits pancréatiques à prendre à chaque prise alimentaire permet d’assurer la digestion des nutriments.
Le jejunum et iléon : le lieu de l’absorption des micronutriments
La fragmentation des macronutriments se poursuit tandis que les nutriments réduits en petites particules sont absorbés à travers les cellules tapissant la paroi de l’intestin.
Sont absorbés :
Les acides aminées issus de la dégradation des protéines
Le glucose, le fructose, le galactose, issus de la dégradation de l’amidon et des autres sucres comme le lactose, maltose, du saccharose
Les acides gras, monoglycérides, cholestérol, phospholipides issus de la digestion des lipides associées aux vitamines liposolubles (Vit A, D,E,K)
Dans l’iléon, la Vit B12 est absorbée et les acides biliaires ayant servis à émulsionner les graisses également.
NB : alors qu’il est possible d’explorer les parties extrêmes du tube digestif (fibro/gastroscopie, colonoscopie), cette partie du tube digestif, située au milieu, est très peu accessible à l’observation médicale ou aux prélèvements. Les investigations médicales y sont très difficiles.
Maldigestion et Malabsorption des glucides associés aux troubles intestinaux :
Certains glucides (sucres), subissent une digestion incomplète dans l’intestin grêle et ils ne seront pas complètement absorbés. Ils arriveront donc dans le gros intestin (colon) où ils subiront une fermentation par les bactéries coliques composant notre flore intestinale.
Dans le cas du lactose, (sucre du lait), une digestion incomplète par déficience en lactase (enzyme spécifique de digestion du lactose), provoque un appel d’eau dans l’intestin générant diarrhées, ballonnements et douleurs. Le lactose arrivant dans le côlon sera fermenté par les bactéries coliques provoquant des gazs.
Une déficience en lactase peut être congénitale, conditionnée ou consécutive à une infection intestinale (est est alors réversible)
Les galacto oligosaccharides (GOS), sont des glucides que l’on retrouve fréquemment dans les légumineuses (ex : lentilles, pois chiches…). Ils sont assez mal digérés et absorbés par l’être humain. Ils arrivent dans le côlon et sont fermentés par la flore intestinale générant des symptômes de ballonnements et gazs particulièrement gênant ou douloureux chez les personnes souffrant de l’intestin irritable. Une consommation importante de ces sucres provoque des ballonnements chez tout le monde.
Le fructose est un sucre simple présent dans de nombreux fruits, le miel et les produits sucrés. Ce sucre n’est pas toujours absorbé efficacement et suffisamment dans l’intestin grêle, notamment en présence d’un excès de glucose (il existe une compétition d’absorption entre ces 2 sucres). Une malabsorption de fructose provoque un appel d’eau dans l’intestin générant des diarrhées et une fermentation bactérienne en arrivant dans le côlon générant des ballonnements et des douleurs. La capacité d’absorption du fructose est très variable d’un individu à l’autre.
Les fructanes sont des chaînes de molécules de fructose, et ils sont très présents dans l’ail, l’oignon, blanc de poireau, chicorée et certaines céréales comme le blé (donc le pain, les pâtes, les pâtes à tarte, la pizza, les viennoiseries… etc). Comme les GOS, les fructanes ne sont pas digérés dans l’intestin grêle. Ils arrivent donc dans le colon où ils sont fermentés, générant gazs, ballonnements et douleurs chez les personnes à l’intestin particulièrement sensible et irritable.
Le sorbitol et le mannitol sont des sucres alcool (polyols), qui ne sont pas efficacement absorbés dans l’intestin grêle, si bien qu’ils se retrouvent rapidement dans le colon où ces sucres sont fermentés. On retrouve le sorbitol dans de nombreux aliments “sans sucre” et aliments pour diabétique où il remplace le sucre. On le retrouve aussi dans certains fruits et légumes. le mannitol quant à lui est retrouvé particulièrement dans le chou fleur, les champignons et les algues.
Lactose, GOS, fructanes, fructose, mannitol et sorbitol sont les 6 FODMAPs susceptibles d’être impliqués dans les symptômes de syndrome de l’intestin irritable (colopathie fonctionnelle). Un régime pauvre en FODMAPs permet de soulager les symptômes et d’identifier le ou lesquels de ces sucres fermentescibles provoque le plus de symptômes.
Cependant les FODMAPs sont aussi d’excellents alliés de la santé de nos bactéries et de nos intestins car les produits de la fermentation de ces sucres sont anti inflammatoires et favorisent la croissance de ces bactéries bénéfiques, produisant des vitamines, soutenant notre immunité et conditionnant l’absorption de nombreux minéraux.
Maldigestion du gluten, maladie coeliaque et intolérance au gluten non coeliaque
Le gluten se forme grâce à l’association de 2 protéines formant alors un réseau solide et collant. C’est cette propriété qui permet à la pâte à pain de lever en emprisonnant le gaz produit par la fermentation des bactéries lors de la pousse du pâton. On trouve ces protéines pouvant former du gluten dans 3 céréales : le blé, le seigle et l’orge et dans des aliments industriels enrichis en gluten.
Le gluten n’est par nature pas nocif, cependant, à l’instar des allergies, certains individus ne le tolèrent pas.
Les malades coeliaque souffrent d’une maladie chronique d’origine autoimmune : la consommation de gluten conduit à la production d’anticorps détruisant les villosités de la paroi intestinale réduisant ainsi l’absorption des macronutriments des vitamines et minéraux et pouvant provoquer divers symptômes intestinaux. Seul un régime strict sans gluten permet aux villosités de repousser et de maintenir une bonne absorption.
Une partie de la population semble également souffrir d’une sensibilité au gluten non coeliaque. La consommation de gluten et produits à base de blé induit chez les personnes sensibles des troubles intestinaux d’intensité variable et dose dépendante. Les mécanismes ne sont pas encore bien connus, mais d’autres composants du blé autres que le gluten pourraient être en cause tels que les ATI (autres protéines présentes dans le blé) ou les fructanes (cf FODMAPs).
Malheureusement il n’existe pas de test diagnostique pour ce syndrôme, contrairement à la maladie coeliaque que l’on sait très bien diagnostiquer à l’aide de biopsie ou de bilan sanguin. Dans le cas de la SGNC, seul le test d’une alimentation pauvre en gluten avec réduction des symptômes permettra de suggérer le diagnostic.
Sources :
https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/rapports-publications/salubrite-aliments/gluten-brochure.html
Non celiac Gluten Sensitivity Fasano, Alessio et al. Gastroenterology, Volume 148, Issue 6, 1195 – 1204
5) Le côlon ou gros intestin : dernière étape de la digestion
Passée la valvule iléocoecale (qui délimite l’iléon du colon), les particules non digestibles (fibres) et non ou mal absorbées atteignent le côlon.
Le colon est composé de 4 parties : le côlon ascendant, transverse, descendant et sigmoide. C’est dans ce cadre colique que se forment progressivement les selles (matière fécales). L’eau présente dans les restes du bol alimentaire est réabsorbé, desséchant ainsi les matières fécales. Les bactéries y fermentent les fibres et les sucres non digestibles générant du gaz, et des composés favorables à la santé.
Un excès de fibres et de sucres fermentescibles mal absorbés plus haut atteignant le côlon peuvent générer des excédents de gazs de fermentation provoquant inconfort ou douleurs chez les personnes souffrant de l’intestin irritable.
Une motricité colique lente, un méga colon, une insuffisance de fibres ou de sucres fermentescibles peut être à l’origine d’une constipation.
A la fin de la digestion, les matières fécales sont stockées dans le rectum avant l’évacuation à travers le sphincter anal : l’anus.
En tout, la digestion du bol alimentaire aura duré entre 24 heures à 72h entre l’ingestion et l’émission des selles. Elle peut être plus longue (constipation) ou plus rapide selon l’âge, la motilité individuelle du tube digestif et la composition des repas. Elle peut être modifiée par la prise de certains médicaments.
LES REGLES D’HYGIENE DE BASE POUR FAVORISER UNE BONNE DIGESTION
Nombre des troubles de la digestion peuvent s’améliorer au moins partiellement en suivant quelques règles hygiéno diététique.
Voici quelques règles de base qui sont le B.A. BA d’un bon confort digestif. Celles ci sont incontournables et doivent être mises en place avant tout autre chose (ex : régime d’élimination ou de restriction)
- Faire 3 à 4 repas réguliers espacés d’environ 4 à 5 heures
- Ne pas sauter de repas, manger quand on a faim, ne pas laisser la faim s’installer
- Manger assis, le dos droit, et confortablement
- Faire des repas équilibrés diversifiés chaque par jour pour éviter de cumuler un même composant alimentaire (trop de sucres fermentescibles, trop de fibres notamment)
- Eviter de consommer des crudités de manière systématique : cuire les légumes permet une meilleure digestion des sucres fermentescibles
- Eviter de manger trop gras, trop sucré ou trop salé car celà influence la motricité de la vidange gastrique
- Eviter les produits ultra transformés
- Eviter les épices fortes, le café, les aliments gras, la menthe, le chocolat, l’alcool et le tabac qui diminuent le tonus du sphincter inférieur de l’oesophage et favorisent les reflux ou brulures
- Dédier un vrai temps pour le repas : manger lentement dans le calme et sans stress en prenant le temps de bien mâcher les aliments en évitant d’avaler de l’air (cibler une fréquence de 20 mastications par bouchées pour bien réduire les aliments en purée et imprégner le bol alimentaire de salive)
- Boire par petite gorgées régulièrement dans la journée, pas trop pendant les repas
- Remplacer les boissons gazeuses qui distendent la paroi gastrique par de l’eau plate à température ambiante (ni trop froide ni trop chaude)
- Différencier la taille des portions selon les besoins individuels (un enfant mange moins que la maman qui mange moins que le papa, qui mange moins que l’adolescent ou le sportif !)
- Rester concentré sur la progression des sensations durant le repas
- Restez à l’écoute du signal de rassasiement, ne terminez pas le plat à tout prix si la satiété est atteinte
Après le repas
- Eviter de s’allonger juste après le repas, faites une marche digestive si cela est possible aider à évacuer les gazs
- Eviter le sport intense juste après un repas, attendre au moins 2 à 3 heures
- Ne pas grignoter en dehors des repas – faire une collation régulière en cas de faim systématique entre 2 repas
- Attendre d’avoir un peu faim pour prendre une collation ou le prochain repas
Divers
- Eviter de mastiquer des chewing gum et de sucer des bonbons, en particulier les produits allégés en sucre qui contiennent des polyols favorisant les ballonnements et diarrhées
- Ne pas rester assis trop longtemps
- Pratiquer une activité physique régulière pour aider à un bon transit
- Eviter les situations de stress qui impactent le tonus digestif et les sécretions gastriques
- Se détendre et travailler la respiration pour relâcher le diaphragme
Une meilleure alimentation, une alimentation adaptée aux cas particuliers, en cas d’intolérance notamment, permet d’atténuer de nombreux troubles mais bien se nourrir ne fait pas tout. Une consultation avec un médecin ou gatroentérologue est indispensable pour établir un diagnostic et permettre d’améliorer les symptômes qui persistent avec un traitement adapté.
Article rédigé par Katia Tardieu, diététicienne nutritionniste

