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Pourquoi aller vers une alimentation anti inflammatoire

26 novembre 2022

Les processus inflammatoires sont des points communs au vieillissement et à l’apparition de nombreuses maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, asthme, maladie d’Alzheimer, syndrome de l’intestin irritable, endométriose, cancer, maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaque etc.) . L’alimentation serait l’un des moyens de prévenir ces maladies, de protéger le système immunitaire, de réduire les symptômes inflammatoires et favoriser un vieillissement en bon état de santé.

De nombreuses preuves  suggèrent qu’un régime alimentaire pro-inflammatoire chez les adultes favorise une inflammation chronique systémique de “bas grade”. Cette inflammation de faible intensité est silencieuse mais elle serait à l’origine du développement de la plupart des maladies non transmissibles telles que le diabète de type 2, l’obésité, l’athérosclérose et les maladies cardiovasculaires, les cancers, les troubles respiratoires et musculo-squelettiques, certaines maladies psychiques et maladies neuro dégénératives. 

Les résultats d’études mettent en évidence les avantages potentiels de la transition vers un régime plus anti-inflammatoire/moins pro-inflammatoire pour réduire ces risques de maladie. 

Si l’adoption d’un régime alimentaire anti inflammatoire permet de réduire les niveaux d’inflammation systémique, il n’est pas suffisant pour guérir d’une maladie chronique installée. 

Rappelons également qu’en situation de maladie chronique diagnostiquée et/ou traitée, le régime est complémentaire au traitement et ne s’y substitue pas. 

 

Sources : 

  • Minihane, A., Vinoy, S., Russell, W., Baka, A., Roche, H., Tuohy, K., . . . Calder, P. (2015). Inflammation de bas grade, composition du régime alimentaire et santé : preuves de recherche actuelles et leur traduction. Journal britannique de la nutrition, 114 (7), 999-1012. doi:10.1017/S0007114515002093
  • Osimo EF, Baxter LJ, Lewis G, Jones PB, Khandaker GM. Prevalence of low-grade inflammation in depression: a systematic review and meta-analysis of CRP levels. Psychol Med. 2019 Sep;49(12):1958-1970. doi: 10.1017/S0033291719001454. Epub 2019 Jul 1. PMID: 31258105; PMCID: PMC6712955.
  • Barbaresko J, Koch M, Schulze MB, Nöthlings U. Dietary pattern analysis and biomarkers of low-grade inflammation: a systematic literature review. Nutr Rev. 2013 Aug;71(8):511-27. doi: 10.1111/nure.12035. Epub 2013 Jun 13. PMID: 23865797

 

RAPPELS CONCERNANT LE PROCESSUS INFLAMMATOIRE 

L’inflammation locale, qui est un processus naturel (en lien avec une infection, une allergie, un processus auto immun, une blessure/irritation…) est susceptible d’entraîner une inflammation plus systémique/globale de l’organisme et créer un terrain inflammatoire chronique qui caractérise certaines maladies inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde, maladies inflammatoires chroniques intestinales, endométriose…etc)

La réaction inflammatoire est une réaction normale de l’organisme car c’est un moyen de défense contre une agression étrangère (infection bactérienne ou virale, blessure…), elle a pour fonction d’éliminer l’agent pathogène et de réparer les tissus abîmés. 

La réponse inflammatoire fait appel aux cellules immunitaires et à des médiateurs chimiques ayant un caractère pro ou anti-inflammatoire, la réponse entraîne une réparation des tissus et un remodelage de la matrice cellulaire. Puis, le processus inflammatoire s’arrête normalement de lui-même. 

La résolution de l’inflammation est autorégulée et repose sur des mécanismes spécifiques aux tissus. Une réaction inflammatoire inappropriée ou incontrôlée entraînera, une destruction tissulaire ou, dans certains cas, une maladie inflammatoire chronique lorsque les mécanismes de résolution de l’inflammation n’ont pas fonctionné. 

 

Sources : 

  • Schett, G., Neurath, MF Résolution des maladies inflammatoires chroniques : concepts universels et spécifiques aux tissus. Nat Commun 9 , 3261 (2018). https://doi.org/10.1038/s41467-018-05800-6)


MESURE BIOLOGIQUE DE L’INFLAMMATION

Un grand nombre de cellules et de médiateurs sont impliqués ou produits lors des processus inflammatoires normaux, quel que soit le déclencheur de l’inflammation ou de sa localisation dans l’organisme. La mesure de ces cellules et médiateurs dans le sang est utilisée comme un « biomarqueur » ou indicateur d’une inflammation. Ces biomarqueurs sont communs à toute forme d’inflammation.

L’inflammation aiguë (infection bactérienne par exemple) est mesurable par une prise de sang en dosant toute une gamme de marqueurs cellulaires sanguins suivants : par exemple la CRP, les taux de leucocytes et la Vitesse de Sédimentation érythrocytaire.

D’autres molécules de l’inflammation peuvent également être mesurées : les interleukines, cytokines : IL-1β, IL-4, IL-6, IL-10, TNF -protéine α.

Cependant, il n’existe pas de marqueur spécifique et consensuel permettant de mesurer l’inflammation de bas grade et de la différencier d’une inflammation aiguë d’une inflammation chronique. 

On retrouve toutefois assez souvent dans la littérature, la mesure de la CRP ultra sensible pour prédire l’inflammation bas grade.

Les valeurs usuelles de la CRP sont inférieures à 8.5 mg/L, cependant, des valeurs inférieures peuvent être le signe d’une inflammation systémique de bas grade. Un taux > 8.5 mg/L traduit un processus inflammatoire actif.

En clinique, la mesure de la CRP ultra sensible (HsCRP) permet de détecter des variations faibles de la CRP qui sont le signe d’une inflammation de bas grade/ à bas bruit mais prédictive de développer des pathologies…

En cardiologie par exemple, le dosage du hsCRP, associé aux dosages du cholestérol, prédit le risque cardiovasculaire futur dans une grande variété de populations cliniques, y compris les personnes en bonne santé sans maladie cardiovasculaire.

Des taux de hsCRP inférieurs à 1, 1 à 3 et supérieurs à 3 mg/L sont respectivement associés à des risques cardiovasculaires inférieurs, modérés et supérieurs.

 

Sources : 

  • Minihane, A., Vinoy, S., Russell, W., Baka, A., Roche, H., Tuohy, K., . . . Calder, P. (2015). Inflammation de bas grade, composition du régime alimentaire et santé : preuves de recherche actuelles et leur traduction. Journal britannique de la nutrition, 114 (7), 999-1012. doi:10.1017/S0007114515002093
  • Dayer, E., Dayer, JM. & Roux-Lombard, P. Abécédaire : l’utilisation pratique des marqueurs biologiques des maladies inflammatoires rhumatismales et systémiques. Nat Rev Rheumatol 3 , 512–520 (2007). https://doi.org/10.1038/ncprheum0572
  • Bassuk SS, Rifai N, Ridker PM. High-sensitivity C-reactive protein: clinical importance. Curr Probl Cardiol. 2004 Aug;29(8):439-93. PMID: 15258556.


ROLE DE LA PERMEABILITE INTESTINALE DANS LES MALADIES INFLAMMATOIRES CHRONIQUES 

La muqueuse intestinale a entre autres choses, une fonction de barrière qui protège l’intérieur de notre organisme de notre environnement.

Cette fonction barrière peut être altérée de nombreuses manières (alimentation industrielle, polluants, additifs induisant une dysbiose du microbiote), ceci générant un contact trop étroit et une perméabilité importante aux molécules de l’environnement et aux toxines bactériennes induisant ainsi une réponse inappropriée de notre organisme : ceci semble être la première étape vers les réactions immunitaires inflammatoires et les intolérances alimentaires.

La mesure de la perméabilité intestinale (donc possiblement d’une inflammation chronique sous-jacente) pourrait être évaluée grâce au dosage de la zonuline sérique. Sa surproduction est mise en cause, entre autres, dans les maladies auto-immunes et inflammatoires.

(La zonuline est un modulateur des fonctions de barrière épithéliale et endothéliale et son rôle dans la santé et la maladie reste un objet de recherche active. La dysbiose intestinale peut provoquer la libération de zonuline par les cellules de l’épithélium intestinal : celle ci peut être mesurée par dosage dans le sang)

 

Sources : 

  • Fasano A. All disease begins in the (leaky) gut: role of zonulin-mediated gut permeability in the pathogenesis of some chronic inflammatory diseases. F1000Res. 2020 Jan 31;9:F1000 Faculty Rev-69. doi: 10.12688/f1000research.20510.1. PMID: 32051759; PMCID: PMC6996528.
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Zonuline

 

ALIMENTATION ET MODULATION DE L’INFLAMMATION DE BAS GRADE  

Il existe une quantité substantielle de preuves suggérant que de nombreux aliments, nutriments et composants alimentaires non nutritifs modulent l’inflammation de manière aiguë et chronique : la qualité des graisses, des sucres et certains composés végétaux semblent particulièrement importants.

Les résultats actuellement disponibles soutiennent l’idée qu’une association positive existe entre les régimes de type occidental et à base de viande et l’inflammation chronique de bas grade, tandis qu’une association inverse existe pour les modèles alimentaires à base de légumes et de fruits, comme semble le soutenir les études d’intervention portant sur le régime méditerranéen qui ont trouvé des associations inverses statistiquement significatives avec presque tous les biomarqueurs inflammatoires.

 

La qualité des lipides dans l’inflammation

Les graisses alimentaires affectent fortement la santé humaine en modulant la composition du microbiote intestinal et l’inflammation systémique de bas grade.

Les régimes riches en graisses sont impliqués dans la diminution de la richesse du microbiote intestinal, l’augmentation de la translocation des toxines bactérienne, l’augmentation de la perméabilité intestinale et la perturbation du système immunitaire. Cependant ces effets dépendent beaucoup du type de graisse consommée.

Les Acides gras saturés sont liés à des modifications néfastes du microbiote intestinal, à la prise de poids, à l’augmentation de la perméabilité intestinale, et à l’état pro-inflammatoire. D’autre part,

Les acides gras mono et poly insaturés comme les oméga-3 modulent positivement l’écosystème microbien de l’hôte et ont des propriétés anti-inflammatoires, qui pourrait améliorer la perméabilité intestinale.

Sur la base des preuves à ce jour,  les régimes riches en graisses et la consommation d’AGS doivent être évités, et que la consommation d’acides gras mono et poly insaturés de type oméga-3 doit être encouragée afin de réguler le microbiote intestinal et l’inflammation, favorisant ainsi le contrôle du poids corporel 

Sources : 

  • Minihane, A., Vinoy, S., Russell, W., Baka, A., Roche, H., Tuohy, K., . . . Calder, P. (2015). Inflammation de bas grade, composition du régime alimentaire et santé : preuves de recherche actuelles et leur traduction. Journal britannique de la nutrition, 114 (7), 999-1012. doi:10.1017/S0007114515002093
  • Cândido FG, Valente FX, Grześkowiak ŁM, Moreira APB, Rocha DMUP, Alfenas RCG. Impact of dietary fat on gut microbiota and low-grade systemic inflammation: mechanisms and clinical implications on obesity. Int J Food Sci Nutr. 2018 Mar;69(2):125-143. doi: 10.1080/09637486.2017.1343286. Epub 2017 Jul 4. PMID: 28675945.

La qualité des glucides et inflammation 

La “qualité” des aliments glucidiques (riches en sucres) peut être définie selon leur capacité à augmenter la glycémie après leur consommation. On peut distinguer : 

1/ Les aliments à index glycémique/ charge glycémique bas 

Les grains entiers, des légumineuses, des fruits, des légumes, des noix et des graines, dont la consommation est associée à un risque réduit de plusieurs maladies chroniques;

L’effet bénéfique de ces aliments semble surtout lié à la présence de fibres (dont l’effet est bénéfique sur le microbiote intestinal) mais aussi à de nombreux composés phytochimiques que les aliments végétaux intacts contiennent ( polyphénols, des glucosinolates, des acides gras oméga-3, etc.), qui peuvent agir en synergie. Ces constituants bioactifs peuvent exercer des effets bénéfiques en modulant les voies de signalisation liées à l’inflammation, au stress oxydatif, à la croissance et à la prolifération cellulaires et au métabolisme. 

2/ Les aliments à index glycémique/ charge glycémique hauts 

Certains féculents de part leur composition, les céréales raffinées (farines blanches et produits issus de ces produits débarrassés de leur enveloppe fibreuse), la transformation des produits par des process industriels ou maison (cracking, soufflage/extrusion, cuisson, hydratation…) et les sucres ajoutés, sont associés à une augmentation de l’hyperglycémie postprandiale,au stress oxydatif entraînant une dérégulation métabolique et un risque accru de plusieurs maladies chroniques. Notons toutefois que l’index glycémique d’un aliment est souvent “noyé” dans un repas complet intégrant d’autres aliments et composants (lipides, fibres, protéines…) qui peuvent influencer l’index et la charge glycémique globale du repas.

Si une méta analyse de 2018 analysant 28 ECR n’a trouvé aucun effet significatif de l’alimentation à IG ou charge glycémique basse sur les concentrations sériques des molécules inflammatoire (cytokines inflammatoires, y compris la hs-CRP, la leptine, l’IL-6 et le TNF-α ),  les 2 régimes (IG bas et IG hauts) entraînent des différences dans les concentrations de nombreux métabolites potentiellement bénéfiques dans plusieurs voies métaboliques liés à l’inflammation et au métabolisme énergétique.

 

Sources

  • Sandi L Navarro, Aliasghar Tarkhan, Ali Shojaie, Timothy W Randolph, Haiwei Gu, Danijel Djukovic, Katie J Osterbauer, Meredith A Hullar, Mario Kratz, Marian L Neuhouser, Paul D Lampe, Daniel Raftery, Johanna W Lampe, les profils de métabolomique plasmatique suggèrent effets bénéfiques d’un régime alimentaire à faible charge glycémique sur l’inflammation et le métabolisme énergétique, The American Journal of Clinical Nutrition , volume 110, numéro 4, octobre 2019, pages 984–992, https://doi.org/10.1093/ajcn/nqz169
  • Alireza Milajerdi, Parvane Saneei, Bagher Larijani, Ahmad Esmaillzadeh, The effect of dietary glycemic index and glycemic load on inflammatory biomarkers: a systematic review and meta-analysis of randomized clinical trials, The American Journal of Clinical Nutrition, Volume 107, Issue 4, April 2018, Pages 593–606, https://doi.org/10.1093/ajcn/nqx042

 

Les composés bioactifs végétaux 

La consommation de fruits et légumes, en particulier ceux riches en flavonoides pourraient être impliqués dans les processus anti inflammatoires.

L’apport total en flavonoïdes est inversement corrélé aux concentrations sériques de CRP. À l’appui de cette association, un certain nombre d’études d’intervention alimentaire (études portant notamment sur le thé noir, thé vert, cassis, myrtilles, fraises)ont fourni des preuves que les flavonoïdes alimentaires sont capables de moduler les cytokines inflammatoires (par exemple, le TNF-α) et la production de CRP. 

 

Source 

  • Minihane, A., Vinoy, S., Russell, W., Baka, A., Roche, H., Tuohy, K., . . . Calder, P. (2015). Inflammation de bas grade, composition du régime alimentaire et santé : preuves de recherche actuelles et leur traduction. Journal britannique de la nutrition, 114 (7), 999-1012. doi:10.1017/S0007114515002093

 

Régime Méditerrannéen, régime DASH et potentiel antiinflammatoire 

 

Les régimes méditerrannéen et le régime DASH sont reconnus comme des régimes favorables à la santé et largement étudiés en recherche clinique. Ces 2 régimes sont assez proche de par leur composition : 

 

Le régime alimentaire méditerranéen est composé d’une consommation élevée d’huile d’olive vierge, de légumes, de fruits, de protéines végétales, de céréales complètes, de poisson, de produits laitiers faibles en gras, d’une consommation modérée d’alcool, et une faible consommation de viande rouge.

 

Le régime DASH est un régime alimentaire conçu à l’origine pour améliorer la pression artérielle, il se rapproche du régime médietterannéen : il recommande de consommer des légumes, des fruits et des grains entiers, des produits laitiers sans gras ou faibles en gras, du poisson, de la volaille, des haricots, des noix et des huiles végétales et de limiter : les aliments riches en graisses saturées, tels que les viandes grasses, les produits laitiers entiers et les huiles tropicales telles que la noix de coco, le palmiste et les huiles de palme ainsi que les boissons sucrées et les sucreries.

(source : NIH : National Heat, lung and blood institute)

En 2014, une méta analyse regroupant les résultats de 17 essais cliniques randomisés regroupant plus de 2000 sujets a montré qu’un régime méditerannéen améliorait de manière significative les marqueurs de l’inflammation tels que la CRP et l’IL-6.

En 2018, une méta analyse a combiné les résultats de 6 essais cliniques randomisés examinant l’effet du DASH sur les biomarqueurs inflammatoires tels que la CRP. Elle a conclu que l’adhésion au régime DASH avait des effets bénéfiques sur les taux circulants de hs-CRP par rapport aux régimes malsains ou habituels. 

 

Sources : 

  • Schwingshackl L, Hoffmann G. Mediterranean dietary pattern, inflammation and endothelial function: a systematic review and meta-analysis of intervention trials. Nutr Metab Cardiovasc Dis. 2014 Sep;24(9):929-39. doi: 10.1016/j.numecd.2014.03.003. Epub 2014 Apr 2. PMID: 24787907.
  • Soltani S, Chitsazi MJ, Salehi-Abargouei A. The effect of dietary approaches to stop hypertension (DASH) on serum inflammatory markers: A systematic review and meta-analysis of randomized trials. Clin Nutr. 2018 Apr;37(2):542-550. doi: 10.1016/j.clnu.2017.02.018. Epub 2017 Mar 2. PMID: 28302405.

 

Potentiel inflammatoire de l’alimentation : L’indice inflammatoire alimentaire (DII) 

L’indice DII (Dietary Inflammatory Index (DII ® )) a été développé en recherche clinique et épidémiologique pour évaluer le potentiel inflammatoire de l’alimentation.

Le calcul du score DII est un moyen d’évaluer et de quantifier le rôle de l’alimentation sur les concentrations sanguines des biomarqueurs inflammatoires (CRP, cytokines inflammatoires) et son incidence sur les maladies chroniques. 

Ont été répertoriés dans la littérature scientifique, 45 aliments ou composants alimentaires impliqués dans les processus inflammatoires/ anti inflammatoires.

Il a été attribué un score DII à ces 45 paramètres alimentaires (nutriments/macronutriment/aliments) . L’étude de l’alimentation totale d’un individu permet de définir un score DII global pro ou anti inflammatoire.

Le DII de chacun des 45 composants alimentaires a été calculé sur la base d’un algorithme qui s’appuie sur une recherche documentaire approfondie mondiale résultant d’études effectuées sur des cultures cellulaires, animales et épidémiologiques relatives aux effets de l’alimentation sur l’inflammation.

L’analyse des régimes des individus a permis de déterminer des scores de ces régimes : Les scores vont de 7.98 (c’est-à-dire régime fortement pro-inflammatoire) à -8·87 (c’est-à-dire fortement anti-inflammatoire).

Rappelons qu’un régime pro-inflammatoire est associé à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues.

 

Composants et index inflammatoire

MUFA : acides gras mono insaturés – PUFA : acides gras poly insaturés

 

3 régimes alimentaires comparés selon leur score DII

A apport énergétique comparable (2000 kcal par jour), les régimes méditerranéens (-3,96) et les régimes macrobiotiques (-5,54) affichent un DDI négatif donc anti inflammatoire tandis que le régimes fasts food affiche un score pro inflammatoire (+4,07)

Source : 

Wirth MD, Hébert JR, Shivappa N, Hand GA, Hurley TG, Drenowatz C, McMahon D, Shook RP, Blair SN. Anti-inflammatory Dietary Inflammatory Index scores are associated with healthier scores on other dietary indices. Nutr Res. 2016 Mar;36(3):214-9. doi: 10.1016/j.nutres.2015.11.009. Epub 2015 Nov 14. PMID: 26923507; PMCID: PMC4773655.

 

Score DII des régimes, maladies et mortalité

La revue des études publiées sur Pubmed (moteur de recherche des études scientifique) portant sur le DII, vont tous dans le même sens et confirment l’importance d’adopter un régime anti-inflammatoire plus sain compte tenu des associations avec la survenue de nombreuses maladies chroniques (cancer colorectal, risque cardiovasculaire, symptômes dépressifs, cancer du pancréas, cancer de la prostate, progression des MICI, syndrôme métabolique, diabète de type 2, ostéoporose, mortalité)

Sources

  • James R Hébert, Nitin Shivappa, Michael D Wirth, James R Hussey, Thomas G Hurley, Perspective: The Dietary Inflammatory Index (DII)—Lessons Learned, Improvements Made, and Future Directions, Advances in Nutrition, Volume 10, Issue 2, March 2019, Pages 185–195, https://doi.org/10.1093/advances/nmy071
  • Shivappa N, Steck SE, Hurley TG, Hussey JR, Hébert JR. Designing and developing a literature-derived, population-based dietary inflammatory index. Public Health Nutr. 2014 Aug;17(8):1689-96. doi: 10.1017/S1368980013002115. Epub 2013 Aug 14. PMID: 23941862; PMCID: PMC3925198.
  • Phillips, C.M.; Chen, L.-W.; Heude, B.; Bernard, J.Y.; Harvey, N.C.; Duijts, L.; Mensink-Bout, S.M.; Polanska, K.; Mancano, G.; Suderman, M.; Shivappa, N.; Hébert, J.R. Dietary Inflammatory Index and Non-Communicable Disease Risk: A Narrative Review. Nutrients 2019, 11, 1873. https://doi.org/10.3390/nu11081873
  • Wirth MD, Hébert JR, Shivappa N, Hand GA, Hurley TG, Drenowatz C, McMahon D, Shook RP, Blair SN. Anti-inflammatory Dietary Inflammatory Index scores are associated with healthier scores on other dietary indices. Nutr Res. 2016 Mar;36(3):214-9. doi: 10.1016/j.nutres.2015.11.009. Epub 2015 Nov 14. PMID: 26923507; PMCID: PMC4773655.
  • Garcia-Arellano A, Martínez-González MA, Ramallal R, Salas-Salvadó J, Hébert JR, Corella D, Shivappa N, Forga L, Schröder H, Muñoz-Bravo C, Estruch R, Fiol M, Lapetra J, Serra-Majem L, Ros E, Rekondo J, Toledo E, Razquin C, Ruiz-Canela M; SUN and PREDIMED Study Investigators. Dietary inflammatory index and all-cause mortality in large cohorts: The SUN and PREDIMED studies. Clin Nutr. 2019 Jun;38(3):1221-1231. doi: 10.1016/j.clnu.2018.05.003. Epub 2018 May 24. PMID: 30651193.

 

Produits laitiers et inflammation 

Il circule beaucoup d’idée reçue relatives à l’impact des produits laitiers sur le développement de l’inflammation, cependant, les résultats des études repris dans une méta analyse de 2020 ne confirment pas cette croyance : Non, les produits laitiers n’augmentent pas les marqueurs de l’inflammation : leur effet serait bénéfique ou neutre sur l’inflammation systémique de bas grade.

 

Source

  • Nieman KM, Anderson BD, Cifelli CJ. The Effects of Dairy Product and Dairy Protein Intake on Inflammation: A Systematic Review of the Literature. J Am Coll Nutr. 2021 Aug;40(6):571-582. doi: 10.1080/07315724.2020.1800532. Epub 2020 Sep 1. PMID: 32870744.

 

Les aliments du régime anti inflammatoire

L’alimentation anti inflammatoire se concentre sur la consommation d’aliments : 

  • entiers à base de plantes riche en fibres et composés phytoactifs
  • riches en graisses saines de type insaturées
  • riches en une grande diversité de phytonutriments
  • qui favorisent le maintien d’une réponse glycémique stable et modérée.

 

Sources : 

  • CIQUAL

  • Journal of Nutrition – Daily Polyphenol Intake in France from Fruit and Vegetables

  • Prebiotic effect of dietary polyphenols: A systematic review

  • Polyphenols of the Mediterranean Diet and Their Metabolites in the Prevention of Colorectal Cancer

  • Dietary Polyphenols—Important Non-Nutrients in the Prevention of Chronic Noncommunicable Diseases. A Systematic Review

  • www.sge-ssn.ch/media/Manach_SSN_Versionweb-1.pdf

  • Polyphenol Health Effects on Cardiovascular and Neurodegenerative Disorders: A Review and meta-Analysis

 

Alimentation vs micronutrition 

On pourrait être tenté de se supplémenter par le biais de compléments alimentaires or, ce qui est en jeu, c’est surtout la consommation de ces aliments en combinaison pour profiter de leur synergie.

Il n’est pas recommandé de les recevoir séparément ou en supplément sauf exception. 

La recommandation générale pour les suppléments est uniquement lorsqu’une personne a une carence en micronutriments particulière ou est à risque de cette carence en micronutriments (apports insuffisants). Il est recommandé d’obtenir des aliments et des micronutriments ayant des effets anti-inflammatoires par le biais d’un régime alimentaire. 

La position de l’Académie de nutrition et de diététique américaine est claire et stipule que : 

“les suppléments de micronutriments sont justifiés lorsque les besoins ne sont pas satisfaits uniquement par le régime alimentaire. Les personnes ayant des besoins accrus en raison de la croissance, des maladies chroniques, de l’utilisation de médicaments, de la malabsorption, de la grossesse et de l’allaitement et du vieillissement peuvent être particulièrement exposées à des apports alimentaires inadéquats. Cependant, l’utilisation systématique et aveugle de suppléments en micronutriments pour la prévention des maladies chroniques n’est pas recommandée, étant donné le manque de preuves scientifiques disponibles.”

En 2006, un panel sur l’état de la science des National Institutes of Health, après avoir examiné les preuves sur les avantages et les risques pour la santé des suppléments de MVM (Multi Vitamines et Minéraux), a conclu qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour déterminer si la prise de suppléments de MVM était bénéfique pour prévenir les maladies chroniques en général chez les personnes en bonne santé. 

Je vous invite également à lire également mon article dédié aux carences et aux compléments alimentaires et à l’immunité.

 

Sources

  • Marra MV, Bailey RL. Position of the Academy of Nutrition and Dietetics: Micronutrient Supplementation. J Acad Nutr Diet. 2018 Nov;118(11):2162-2173. doi: 10.1016/j.jand.2018.07.022. Erratum in: J Acad Nutr Diet. 2019 Feb;119(2):344. PMID: 30366569.
  • Vahid F, Rahmani D. Can an anti-inflammatory diet be effective in preventing or treating viral respiratory diseases? A systematic narrative review. Clin Nutr ESPEN. 2021 Jun;43:9-15. doi: 10.1016/j.clnesp.2021.04.009. Epub 2021 Apr 24. PMID: 34024569; PMCID: PMC9587761.

 

 

Article rédigé par Katia Tardieu, diététicienne nutritionniste

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