Les portions alimentaires
C’est souvent LE sujet le plus fréquement abordé en consultation : Quelle quantité dois je consommer ?
Les patients qui viennent consulter ont souvent l’impression de manger TROP. C’est possible, oui, mais pas toujours. Un interrogatoire minutieux me permet de vérifier si les patients mangent possiblement trop.
Quels sont les indicateurs du possible TROP manger
- En premier lieu, un indice de rassasiement intense voire douloureux
- Une impossibilité à déterminer les signes de rassasiement ou de satiété
- Une absence de sensation de faim aux repas
- Une habitude à terminer l’assiette ou le plat en toute circonstance
- Des distractions au moment des repas
- Une tachyphagie (le fait de manger rapidement)
- Souffrir d’un reflux gastro-oesophagien
- Une évalutaion visuelle des portions consommées significativement supérieures à celles consommées par une personne ayant le même besoin énergétique théorique
- Le fait de manger significativement plus que les autres (ex : que son conjoint si on est une femme)
- Prendre du poids
Attention: Aucune de ces conditions à elles seule ne permet de garantir de manger trop
Définitions
La faim : est un signal qui traduit un besoin énergétique : Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la faim est une sensation physique inconfortable ou douloureuse causée par une consommation insuffisante d’énergie alimentaire. Toutefois, ces sensations ne sont pas toujouts bruyantes et intenses. Le mangeur peut y être devenu plus ou moins insensible.
Le rassasiement : Elle traduit la satiété au cours du repas, donc l’extinction de la faim et la fin du repas. Ce phénomène contrôle donc la taille du repas. Ce que représente l’aliment pour le mangeur ainsi que ses caractéristiques intrinsèques sont étroitement liées au rassasiement. La composition nutritionnelle (protéines, fibres, lipides, glucides), la texture (solide/liquide/visqueuse) ou la palatabilité de l’aliment (traduisant sa valeur hédonique plaisir pour le mangeur) influencent le rassasiement. Le plaisir sensoriel joue un rôle important dans la perception du rassasiement.
La satiété : elle se traduit par une absence de faim et de désir de manger à la suite d’une prise alimentaire. C’est un état de non faim entre 2 repas.
L’acte alimentaire
Dans de bonnes conditions de prise alimentaire (conditions de temps, de sécurité, et en l’absence de distraction), les êtres vivants sont capables d’autoréguler leurs apports alimentaires à leurs propres besoins d’énergie et de nutriments. Manger est un acte naturellement intuitif, guidé par des signaux physiques perçus par le mangeur qui traduit des besoins de l’organisme à plusieurs niveaux.
En effet, les besoins du mangeur sont de plusieurs nature : énergétique (calorique), nutritionnel (type de nutriments et micronutriments), hédonique (plaisir et satisfaction) et émotionnel (régulateur d’humeur).
Au cours de l’acte alimentaire et du processus de digestion, des signaux sensoriels et physico chimiques sont émis par les différentes parties du tube digestif, intégrés et traduits par le cerveau. Ce processus conduit le mangeur à continuer de manger, changer de type de nourriture ou arrêter de manger.
Des recherches récentes* suggèrent également le rôle du contrôle cognitif de la prise alimentaire : un certain nombre de décisions prises avant le début du repas peuvent influencer la taille du repas réellement consommé (comme par exemple de planifier la quantité de nourriture que nous allons consommer).
*Fay SH, Ferriday D, Hinton EC, Shakeshaft NG, Rogers PJ, Brunstrom JM. What determines real-world meal size? Evidence for pre-meal planning. Appetite. 2011 Apr;56(2):284-9. doi: 10.1016/j.appet.2011.01.006. Epub 2011 Jan 11. PMID: 21232568
Quelles portions ?
Vous avez compris que les portions chez le mangeur sont naturellement autorégulés pour répondre à des besoins et qu’il peut être contre productif de chercher à les contrer par une restriction cognitive volontaire au risque d’entrainer un déséquilibre (physique/psychique/émotionnel) et des troubles du comportement alimentaire.
Toutefois il peut être utile d’évaluer l’écart potentiel entre ce que l’on mange avec des portions type. Rappelons également que les portions consommées à un repas sont dépendantes du besoin énergétique (donc du sexe, de la corpulence et de l’âge du sujet) et de la quantité d’énergie consommée au repas précédent. Tout déficit calorique étant assez naturellement compensé aux repas suivants.
Si on détermine la quantité de nourriture prévisible lors d’un repas équilibré pour une personne dont les besoins moyens sont de 2000 kcal on peut utiliser les repères suivants pour un déjeuner ou un diner qui apportera environ 40% des besoins énergétiques totaux (800 kcal).
NB : les images utilisées ci dessous sont issues du guide des portions SUVIMAX
Tomate en entrée : portion repère 100g
Viande : portion repère 100g
Garniture Pâtes : 150g
Pain : 50g
Emmental : 20g
Fruit : 150g
Matière grasse pour cuisson et assaisonnement du repas : 15g
Articlé rédigé par Katia Tardieu, diététicienne nutritionniste